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« En Uruguay, nous avons inventé cette chose appelée ‘démocratie représentative’, où l’on dit que c’est la majorité qui décide. Cela me paraît donc logique que les personnes au sommet de l’état vivent dans les mêmes conditions que la majorité et non celles de la minorité (comprenez : les « riches », ndlr) » explique l’ancien président.
Pour ce qui est de vivre « au même niveau que la majorité du pays que l’on gouverne », Mujica est bien placé pour parler. L’homme, connu mondialement après que la BBC a tourné un reportage sur lui intitulé « Le président le plus pauvre du monde », a reversé durant son mandat (2010-2015), 90% de son salaire à des œuvres caritatives. Dans la même veine, au lendemain de son élection, plutôt que de vivre dans le palais présidentiel mis à sa disposition, il a préféré rester dans sa modeste ferme proche de Montevideo, avec sa femme, la sénatrice Lucia Topolansky. Des choix qui, aujourd’hui, crédibilisent le personnage et son discours.
Pour José Alberto Mujica Cordano, l’heure est venue d’hausser le ton. Il n’hésite pas à taper sur les politiciens qui ne pensent qu’à eux et qui ne prennent soin que des plus riches. À titre d’exemple, il cite le salaire des membres du congrès, qui dans de nombreux pays, culmine en moyenne à plus de 850 000 euros par an. Une absurdité totale, selon lui. L’ancien président parle aussi du problème des grandes entreprises dont les lobbies ultra-puissants font la pluie et le beau temps et écrasent les débats.
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Devant un discours si franc et assumé, on peut déjà imaginer les arguments facilement trouvés de ses détracteurs, le traitant de « gauchiste », l’accusant de ne pas aimer les riches, etc. Pas bête, Mujica a pris les devants : « Je n’ai rien contre les gens qui ont de l’argent, qui l’aiment ou même ceux qui le vénère. Mais ces gens n’ont rien à faire dans un gouvernement. Il faut séparer la politique de ceux qui ont de l’argent, car ils sont un véritable danger… Si vous aimez l’argent, vous dédiez votre vie à l’industrie, au commerce, bref à ce que vous voulez, mais pas à la politique. »
Et lorsqu’on demande à celui qui a dirigé l’Uruguay pendant 5 ans, pourquoi les riches ne font pas de bons représentants pour les plus pauvres, il explique : « Ils ont tendance à voir le monde via leur perspective, dictée par l’argent. Même quand ils opèrent avec de bonnes intentions, l’idée qu’ils ont du monde et de la vie est déformée par l’argent. En vivant dans une société où la majorité est censée gouverner, il est indispensable que les hauts responsables en fassent entièrement partie. »
S’il n’est donc pas l’ennemi des riches, Mujica se présente en revanche comme celui du consumérisme. Pendant son mandat, il s’est battu pour que le mode de vie de son peuple ne soit pas basé sur la consommation, mais sur les rapports humains. « Cet hyper consumérisme dans lequel nous vivons de plus en plus nous fait oublier les choses fondamentales de la vie pour des futilités qui n’ont finalement, pas grand-chose à avoir avec le bonheur » déclare-t-il.
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Aujourd’hui, « Pepe » vit toujours dans sa ferme avec sa femme. À une époque où tous les politiciens se ressemblent, il fait figure d’OVNI sur la scène politique. Que pensez-vous de son point de vue ?