Grâce à l’artiste JR, un enfant mexicain a le privilège de jeter un œil au-dessus de la barrière métallique qui sépare le Mexique des États-Unis.
C'est à Tacate, au Nord Ouest du Mexique, que se dresse une partie d’une barrière de plus de 455 km depuis 2007. La barrière, qui à terme devrait atteindre plus d’un tiers de la longueur totale de la frontière soit 1 120 km sur 3 141 km, est un rempart érigé par les États-Unis afin de lutter contre l’immigration illégale des Mexicains et le trafic de drogue. Mais à l’heure où le président actuel des États-Unis compte renforcer ce mur d’acier et de béton, plusieurs artistes s’expriment sur le sujet.
C’est le cas de JR, le street-artiste parisien qui parcourt le monde à la recherche de visages, de personnalités et de rencontres uniques. Appareil photo en main, il part aux quatre coins du globe exposer ses photos dans la plus grande galerie à ciel ouvert : la rue. Grâce à la technique du collage photographique, il dévoile aux yeux de tous des visages qui nous semblent très vite familiers.
Tout le monde y passe : Jeunes de banlieue dans un quartier bourgeois, Israéliens et Palestiniens face à face de chaque côté de la barrière qui les sépare, portraits de femmes du monde dans les favelas de Rio dans son film Women are heroes… mais peut être vous aussi, si vous avez la chance de croiser son camion-photo avec lequel il parcourt les routes de France et d’ailleurs !
JR ne justifie pas son travail, il attend plutôt de connaître la réaction des autres. Jouant avec l’idée du passant-interprète et du sujet-acteur, il peut laisser libre court à ses envies et laisser son travail parler de lui-même.
JR
JR
Et cette fois c’est au mur de Donald Trump qu’il s’attaque ! En effet, avec l’aide des habitants et des artistes de Tacate et de Tijuana, sans demander l'avis des autorités, JR concrétise un rêve où il voyait un enfant observant par-dessus la frontière.
Ayant besoin d’une photo d’enfant, une famille modeste habitant très proche de la frontière a accepté de prêter le visage de leur neveu afin d'être photographié. Ne pouvant pas exposer la photo à même la barrière, la famille a également prêté un morceau de leur jardin afin d’y accueillir la photographie XXL en noir et blanc.
Âgé de 1 an et natif de la ville frontalière, David Enrique surnommé Kikito, surplombe donc aujourd’hui la barrière, regardant d’un air malicieux le côté américain.
3 mois de travail ont été nécessaires pour la réalisation de cette œuvre sur échafaudages. L’installation a d’ailleurs été terminée juste après l’annulation de Donald Trump du programme Daca protégeant plus de 800 000 jeunes sans papiers arrivés États-Unis durant leur enfance, dont beaucoup sont mexicains. Si cette information n’était pas prise en compte par l’artiste pour la réalisation de l’œuvre, nous sommes en droit de donner du sens à cette heureuse coïncidence…
Alors si jamais vous êtes en Californie, vous avez jusqu’au 2 octobre pour aller saluer Kikito, le plus grand des petits enfants mexicains !