Des élèves bretons et basques ont répondu, dans leurs langues régionales, aux épreuves du baccalauréat et à celles du brevet. Cependant, cette année, seulement les parties rédigées en français seront évaluées.
Au lycée Diwan de Carhaix-Plouguer, dans le Finistère, une quinzaine d'élèves ont répondu à l'épreuve de mathématiques du Baccalauréat 2018, en breton. Interrogé par l'Agence France Presse, Ismaël Morvan, l'un des élèves, explique : « Ça fait deux ans qu'on demande au rectorat l'autorisation de passer les maths en breton et qu'on nous la refuse ». Pour protester contre cette mesure, le jeune homme et certains de ses camarades ont décidé de rendre leur copie en breton : « Tout notre programme scolaire est en breton, ce n'est pas logique de ne pas pouvoir passer les épreuves en breton » soutient le bachelier.
Image d'illustration d'élèves en train de passer le baccalauréat Crédit /Shutterstock668259205 AimPix
Le rectorat de Rennes a, quant à lui, avancé à l'AFP que « l'évaluation de ces épreuves prend en compte seulement les parties rédigées en français ». Actuellement seule l'épreuve d'Histoire-Géographie est autorisée à être en breton dans les écoles Diwan. Les lycées Diwan sont des écoles privées « laïques et gratuites » où les cours sont dispensés en breton.
Plus au Sud, dans le pays basque, des collégiens ayant répondu au brevet dans leur langue régionale, ne seront pas corrigés. Pourtant, depuis 2012, les élèves des écoles (lycée et collège) Seaska, la Fédération des écoles immersives en basque, peuvent passer l'épreuve de science en basque. Le rectorat a donné des consignes pour que les copies ne soient pas distribuées aux correcteurs bilingues pour être évaluées, précise la Seaska.
Une pétition et le soutien d'élus régionaux
Loeiz Donal, le directeur du lycée d'Ismaël explique qu'il y a : « des enseignants qui auraient pu corriger leurs copies, mais la consigne a été donnée de ne pas tenir compte des parties rédigées en breton ». Un des correcteurs s'étant livré à Ouest-France révèle : « On nous a rappelé que nous étions fonctionnaires et que nous devions corriger les copies ». Le professeur ne parlant pas couramment le breton, a fait avec ses « quelques bases », pour corriger la composition de maths : « Par exemple, l'un des exercices fait appel à de la démonstration géométrique, et donc à un vocabulaire très spécifique».
Une pétition mise en ligne intitulée « Pour la correction des 15 copies en breton PAR DES CORRECTEURS BRITTIPHONES ! » a récolté près de 13 300 signatures. S'ajoutant à elle, certains élus donnent leur soutien au comité Bak e Brezhoneg (« Bac en Breton », ndlr) comme Loïg Chesnais-Girard, le président du conseil régional de Bretagne. Dans un courrier adressé au ministre de l'Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, il a sollicité « sa bienveillance » pour que les 15 copies du baccalauréat de maths des 15 élèves carhaisiens soient corrigées et a demandé « d'autoriser officiellement, pour les sessions à venir, le passage de cette épreuve en langue bretonne » selon Ouest-France.
Hier, la fédération des écoles immersives en basque appelait à « un rassemblement des parents d'élèves et des enseignants venus du Pays basque » à partir de 10 h 30 devant le rectorat de Bordeaux, ajoutant qu'un autre rassemblement aura lieu lors du passage dans le Pays basque du Tour de France le 28 juillet prochain.