Mais le dernier projet en date apparaît comme encore plus ambitieux. Ce qui le rend si remarquable, c’est qu’au-delà de son audace unique, il servirait à apporter une chose « naturelle » au pays qu’on n’aurait jamais un jour que l’Homme puisse créer : la pluie.
Selon le magazine hebdomadaire Arabian Business, les Émirats Arabes Unis n’en sont qu’aux premières étapes de ce projet pharaonique. Actuellement, les autorités du pays tentent d’évaluer, avec l’aide d’experts américains, si une montagne artificielle peut réellement maximiser le taux de pluie dans la région. Les chercheurs du National Center for Atmospheric Research (NCAR) étudient l’idée depuis quelques semaines.
« Nous évaluons les effets que ce type de montagne peut avoir sur la météo, quelle hauteur elle devrait avoir et comment devrait être son relief » a déclaré Roelof Bruintjes, scientifique au NCAR, à nos confrères de l’Arabian Business. Et lui d’ajouter : « Nous serons en mesure d’apporter une première réponse à ces questions dans le courant de l’été. »
@WashingtonPost
Comment ça fonctionnerait ?
Beaucoup d’entre nous l’ignorent, mais les montagnes sont directement liées à la pluie. En effet, quand l’air atteint un sommet, il est obligé de suivre sa pente et de monter. En gagnant en altitude, il perd en température. Ainsi, l’air se condense et se transforme en liquide, il chute alors sous forme de pluie. Généralement, on constate que l’essentiel de la pluie touche le côté de la montagne qui fait face au vent, quand l’autre est plus sec.
Vu de France, c’est difficile à imaginer, mais aux Émirats Arabes Unis, la très faible fréquence de précipitations est un véritable problème. Dans cette zone aride, il ne pleut qu’une poignée de jours par an, et pendant l’été, lorsque la température dépasse les 45 degrés Celsius, la pluie n’existe pas du tout. Chaque année, la totalité des précipitations ne dépasse pas les 12 centimètres. À titre de comparaison, dans la même période, une ville comme Washington cumule plus d’un mètre d’eau.
Ce manque criant d’eau s’avère être un réel souci pour des lieux comme Dubaï, pensé pour être une destination internationale tant pour le travail que pour les loisirs. Dans les zones rurales, énormément d’agriculteurs sont encore obligés de faire appel à des systèmes d’irrigation. L’augmentation des besoins en eau a déjà placé les résidents des Émirats Arabes Unis comme les plus grands consommateurs d’eau de la planète. Une évolution que le gouvernement souhaite stopper, en tentant de restreindre certaines utilisations du précieux liquide.
@ArabianBusiness
Des projets de plus en plus dingues ! Ensemencement des nuages, dessalinisation, importation d’eau, fonte d’icebergs…
En réponse à cette explosion de la demande, le pays a vu fleurir plusieurs initiatives ces dernières années pour créer plus de pluie de manière artificielle. Des projets comme celui de la construction d’une immense montagne en sont la conséquence directe. Selon l’Arabian Business, plus de 480 000 euros ont été dépensés l’an dernier sur quelque 186 missions « d’ensemencement des nuages ».
Cette méthode est une forme de modification du climat qui consiste à relâcher différents aérosols dans des nuages afin d’augmenter la condensation de la vapeur d'eau en eau liquide disponible et ainsi augmenter ou diminuer le nombre et la taille des gouttelettes qui s’y trouvent. L’ensemencement des nuages peut être utilisé pour disperser le brouillard, diminuer la grosseur des grêlons ou augmenter la quantité de précipitations. Ici, vous l’aurez compris, c’est le dernier élément qui intéresse les autorités.
Le UAE Research Program for Rain Enhancement Science a annoncé l’investissement de 4,4 millions d’euros pour se servir de cette technologie. Plusieurs essais ont été réalisés, et les résultats semblent très concluants. Par exemple, un nouveau record de pluie a été battu en mars avec plus de 27 centimètres (12 centimètres par an en moyenne d’habitude, ndlr) de précipitations en moins de 24h ! Une avancée très largement attribuée au procédé d’ensemencement des nuages. Cependant, ces chutes de pluies jamais vues dans le pays, et sans doute trop importantes, ont provoqué de nombreux dégâts, notamment des inondations et des problèmes de transports.
Bien que très efficace, l’ensemencement des nuages n’est pas la seule idée exploitée par les chercheurs. Par exemple, le pays a créé énormément d’usines de dessalement pour transformer l’eau de mer en eau douce. Mais des projets de plus en plus pharaoniques voient le jour. Et récemment, plusieurs hypothèses, toutes plus impressionnantes les unes que les autres ont été débattues. Parmi celles-ci, on retrouve notamment une proposition de pipeline visant à importer de l’eau du Pakistan, ou encore une autre ayant pour but de ramener des icebergs de l’Arctique pour les faire fondre et récupérer leur eau.
@morite
Enfin, le dernier projet complètement fou – celui qui semble avoir été retenu – est la construction d’une gigantesque montagne qui aura pour but d’influer sur le climat en augmentation la quantité de pluie. En plus, les reliefs offrent la possibilité de choisir une zone où concentrer les précipitations. Le pays possède d’importantes montagnes, mais elles sont situées dans le Nord, là où très peu de personnes vivent. C’est pourquoi le gouvernement souhaite faire la même chose plus proche des villes.
Seul hic, le budget, car même si les Émirats Arabes Unis font partie des nations les plus riches du globe, cette fois l’addition pourrait être particulièrement salée ! Selon plusieurs estimations, une montagne de 2 kilomètres d’altitude, un minimum pour suffisamment modifier le climat, coûterait la bagatelle de 200 milliards d'euros. Au moins. Une somme qui même pour une grande puissance financière comme ce pays du golfe, pousse à réfléchir.
À l’heure où vous lisez cet article, le gouvernement a déjà dépensé 400 000 euros pour approfondir l’idée. Mais comme le laissait entendre Roelof Bruintjes à l’Arabian Business, « le coût du projet pourrait s’avérer être trop important pour le pays. Construire une montagne n’est pas une mince affaire. »
@techno
Ce monde est fou, n’est-ce pas ?