Les scientifiques reconnaissent aujourd’hui dans la revue Science avoir surestimé le métabolisme et les nécessités alimentaires des ours polaires. Ces animaux sont en effet privés de nourriture, à laquelle ils peinent à accéder de plus en plus chaque jour, et le réchauffement climatique y est pour beaucoup.
Pour survivre, les ours polaires ont besoin de beaucoup de graisse, qu’ils trouvent dans les phoques qu’ils dévorent. Le problème, c’est que la glace diminue de 14% en moyenne tous les dix ans, ce qui rend compliqué l’accès aux proies, et pousse les ours à nager bien davantage, à parcourir des distances toujours plus grandes pour se restaurer. En bon cercle vicieux, ces distances en augmentation requièrent plus d’énergie, énergie qui se raréfie à mesure que les phoques sont de moins en moins accessibles pour les ours polaires qui dépérissent, en sous-nutrition, entravés par un environnement qui leur est de plus en plus hostile à cause de la fonte des glaces.
De plus en plus d’ours polaires meurent de faim, comme nous vous en parlions il y a deux mois, aussi leur population a diminué de près de 40% depuis 2008, n’en déplaise aux climatosceptiques. Sans oublier que la fonte des glaces et l’irrémédiable altération de l'environnement qu’elle cause font grimper le taux de stress des ours, et font grimper leur taux de mortalité.
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Comment les scientifiques se sont-ils rendu compte de ce phénomène ? Des biologistes ont suivi pendant deux ans neuf femelles équipées de caméras et de colliers à géolocalisation pour étudier leurs mouvements et leur mode de vie, tout en analysant leur sang et leurs urines. Le constat s’est imposé, amer : cinq ours sur neuf ont perdu 10% de masse corporelle dans un laps de temps très réduit, tandis qu’il s’est avéré que les besoins alimentaires des ours polaires étaient 1,6 fois supérieurs à ce qu’avaient imaginé les biologistes. À ce rythme, cette espèce menacée est vouée à disparaître sans autre forme de procès.