En marge de sa rencontre avec les élus locaux à Valence (Drôme), Emmanuel Macron s’est rendu dans une localité située non loin de là, afin de prendre part à un échange avec des citoyens. Un déplacement qui n’était pas prévu dans l’agenda officiel.
En déplacement à Valence dans le département de la Drôme, afin d’y rencontrer les élus de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Emmanuel Macron a surpris tout son monde, en clôture de sa visite, en faisant un petit détour de dernière minute par la ville de Bourg-de-Péage.
Prenant de cours la municipalité, le président s’est en effet invité à un débat citoyen organisé dans la maison des associations de cette commune d’un peu plus de 10 000 habitants. Initialement, seul le ministre de l’Agriculture Didier Guillaume - ex-maire de Bourg-de-Péage - devait s’y rendre.
« Pardon de m'inviter au dernier moment ! »
Quelle ne fut donc pas la surprise des membres de l’équipe municipale lorsqu’ils ont aperçu le chef de l’État, dont la visite impromptue n’a été décidée qu’au dernier moment dans la matinée selon son entourage. Anticipant d’éventuelles critiques, l’Élysée a par ailleurs assuré que les intervenants n’étaient pas au courant de sa venue et n’avaient donc pas été choisis au préalable.
Lors de ce débat, Emmanuel Macron a surtout répondu aux questions des citoyens curieux présents dans la salle, tout en annonçant certaines orientations à venir, à commencer par l'ISF et la suppression totale de la taxe d’habitation.
« Pardon de m'inviter au dernier moment ! ». C’est par ces mots d’excuse que le président a d’abord ouvert cette séance de consultation un peu particulière, qui s’est peu à peu transformée en un question-réponse ouvert à tous.
« Je n'ai pas supprimé l'ISF pour faire un cadeau à des gens »
Interrogé très vite sur l’ISF qu’il avait d’abord supprimé puis remplacé par « l'impôt sur la fortune immobilière », le président a exclu de le rétablir et s’est justifié en citant l’exemple de certains voisins européens.
« Que ce soit l'Italie du Nord, la Suisse, l'Allemagne, pour toutes ces régions que j'ai parcourues, ils ont des taux de chômage infiniment plus faibles que nous. Ils ont beaucoup mieux réussi que nous. Ils n'ont pas l’ISF », s’est-il ainsi défendu avant d’ajouter : « Je n'ai pas supprimé l'ISF pour faire un cadeau à des gens », rappelant au passage qu’il avait pris cette mesure démocratiquement puisqu’elle était présente dans son programme de campagne.
« On est dans une démocratie. Et dans une démocratie il y a toujours des gens d'accord et des gens pas d'accord. Je suis un pragmatique. Si cette mesure n'a pas l'effet attendu, elle sera évaluée et corrigée », a-t-il toutefois concédé.
« Plus personne ne paiera » la taxe d’habitation
Évoquant ensuite la taxe d’habitation dans un échange avec un citoyen qui lui avait tendu son avis d’imposition, Emmanuel Macron a confirmé que « plus personne » ne « paiera » cette taxe. « On la supprime en trois bouts (…) L'État la finance sur ses économies (…) le seul moyen de baisser vos impôts, c’est de baisser les dépenses et c’est ce qu’on est en train de faire mais ce n’est pas forcément populaire non plus », a-t-il ainsi affirmé.
« Le glyphosate, je suis pour en sortir (...) mais impossible en 3 ans »
Dans un tout autre registre, le président a également fait part de sa volonté d’en finir avec le glyphosate, cet herbicide très fortement suspecté d’être cancérigène et qui rentre dans la composition du Roundup pro de Bayer-Monsanto.
« Le glyphosate, je suis pour en sortir (…) Je suis pour qu'on en sorte avec les alternatives intelligentes », a-t-il d’abord déclaré. « C’est parce que la France s'est battue qu'on a obtenu cinq ans en Europe et nous avons dit que nous ferions tout pour en sortir en trois ans. Mais c'est impossible de dire qu'il n'y aura plus du tout de glyphosate dans trois ans », a-t-il toutefois nuancé.
« Si j’étais né banquier d’affaire, vous pourriez me faire la leçon, ce n’est pas le cas ! »
Autre séquence marquante captée par les caméras de télévision, ce dialogue avec une personne qui l‘interrogeait sur ses liens supposés avec le secteur bancaire en raison de son passé à la Banque Rothschild. Sur ce point précis, le président a tenu à se justifier en rappelant qu’il n’était pas un nanti.
« Je ne suis pas banquier à la Banque postale ou la Société générale (...) Il se trouve que j'ai eu une vie avant. Que j'ai changé de vie et j'ai été élu par les Français. », a-t-il d’abord répondu.
« Il y a des gens qui vous mettent un poinçon. Vous savez, je ne suis pas un héritier, moi je suis né à Amiens, il n'y a personne dans ma famille qui était banquier, ni politicien, ni énarque. Ce que j’ai, je le dois à une famille qui m'a appris le sens de l'effort, à ceux qui m'ont élevé, qui m'ont éduqué. Et après je n'ai jamais lâché le morceau », a-t-il poursuivi avant de conclure, d’un ton ferme : « Si j'étais né banquier d'affaires, vous pourriez me faire la leçon, si j'étais né avec une petite cuillère en or dans la bouche ou fils de politicien, vous pourriez me faire la leçon. Ce n’est pas le cas ! ».
En tout, l’exercice de style aura duré environ 3h et le président pourrait bien en tirer profit dans les sondages, lui qui a souvent été critiqué pour son manque de proximité avec le peuple.
À l'issue du débat, Benjamin Cauchy (fondateur du mouvement des Gilets jaunes libres), a d’ailleurs reconnu le « côté positif » de la démarche, saluant le fait que le président Macron « décide enfin de s'adresser aux Français qui ne sont pas élus ».