En quelques heures, Mamoud Diallo est devenu un héros. Ce jeune Guinéen de 21 ans, sans-papier et stagiaire commis de cuisine dans une association à Autrans en Isère, a fait preuve d’un courage remarquable pour venir au secours de l’une de ses collègues de travail.
Les faits remontent au 29 janvier dernier. Mamoud Diallo travaille en cuisine lorsqu’il est interpellé par un cri dans le couloir. Il sort et trouve sa collègue à terre, en sang, blessée au visage par une scie à charcuterie. Il voit l’agresseur revenir, un cuisinier d’une quarantaine d’années engagé un mois plus tôt, mais cette fois muni d’un grand couteau de boucher, déterminé à tuer la jeune femme.
Mamoud Diallo, sans réfléchir, attrape immédiatement l’agresseur qui tient encore le couteau. Il parvient à l’emmener dans la cuisine et s’enferme seul avec lui. Les quelques stagiaires du centre de formation, en train de dîner dans une pièce à côté, sont restés paralysés par la peur. Malgré son petit gabarit, le demandeur d’asile, orphelin et analphabète, est parvenu à maintenir son supérieur, bien plus imposant que lui. « C'est certain, il a sauvé des vies. La gendarmerie de Villard-de-Lans tient à souligner le courage exceptionnel de Mamoud Diallo, qui n'a pas hésité à se sacrifier pour les autres », a rappelé Ludovic Brassac, adjudant-chef en charge de l'affaire.
Mamoud Diallo a sauvé plusieurs vies sur son lieu de travail. Crédits photo : Radio France, Elisa Montagnat
Le jeune homme reste humble et évoque son acte de bravoure avec beaucoup de sang-froid. « J'ai compris qu'il allait tuer la fille et peut-être s'en prendre aux autres après. Alors c'était normal que je me sacrifie. Moi je sais que je vais mourir, je n'ai pas peur. Chaque jour, j'ai ça dans ma tête ! Nous, les Africains, on est habitué. »
Arrivé en France en mars 2018, auparavant dans le transport en Guinée Conakry, il est aujourd’hui en reconversion professionnelle dans les métiers de l'hôtellerie restauration. Mamoud Diallo a un rêve, celui d'obtenir la naturalisation française et d'intégrer l'armée. « Mon rêve est d'intégrer l'armée française. Je regarde tout le temps sur Youtube les militaires en formation. À Autrans, je les vois passer, et je sais que c'est ce que je veux faire. Je ne saurais pas expliquer pourquoi, ça s'est imposé à moi naturellement. »
Le 19 février prochain, il a rendez-vous à l’OFPRA (Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides), qui décidera d'accepter ou non sa demande d'asile. Si la réponse est négative, il peut encore espérer obtenir un titre de séjour, voire la naturalisation française. Les gendarmes ont, par ailleurs, appuyé sa demande de régularisation auprès de la préfecture de l’Isère. « J’espère que ça pourra aboutir, parce que c’est mérité », précise Hubert Arnaud, le maire d’Autrans.
Ces héros du quotidien tiennent tant à notre pays qui pourtant les rejette, les chasse, les met au coeur de notre vie politique et de lois sur l'immigration toujours plus répressives. Une attitude exemplaire mais pas rare à récompenser! @Place_Beauvau https://t.co/G6ra6m6rmg
— Claude COUTAZ (@ClaudeCOUTAZ) 5 février 2019