Une vidéo montrant des jeunes lycéens à genoux mains sur la tête, ou menottés contre un mur, fait scandale.
L’image est saisissante, presque anachronique et provoque aujourd’hui un tollé. Des dizaines de lycéens, agenouillés et mains sur la tête, alignés devant les policiers qui viennent de procéder à leur interpellation.
La scène s’est déroulée jeudi 7 décembre à proximité du lycée Saint-Exupéry de Mantes-la-Jolie (Yvelines), où de violents incidents avaient éclaté en marge de la mobilisation lycéenne contre la réforme du baccalauréat et l’application Parcoursup.
Au total, 151 personnes ont ainsi été arrêtées pour « participation à un attroupement armé », selon le procureur de Versailles Vincent Lesclous. Nos confrères de France Info croient savoir que parmi ces dernières se trouvaient 37 individus, encagoulées, munis de « bâtons », « battes de base-ball » et autres « conteneurs de gaz lacrymogène ».
Juste après leur interpellation, ces dizaines de personnes ont été regroupées dans un jardin ainsi que dans une maison associative par les policiers qui venaient de les appréhender.
« Voilà une classe qui se tient sage »
Les images filmées montrent des jeunes lycéens à genoux, alignés et menottés dans le dos contre un mur, pendant que d’autres, dans la même posture, ont les mains sur la tête. L’homme qui filme - dont on ignore s’il fait partie des forces de l’ordre - déclare alors « Voilà une classe qui se tient sage ».
Cette vidéo choc, très impressionnante, s’est rapidement propagée comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux, provoquant l’émoi de beaucoup d’internautes, qui ont dénoncé des pratiques abusives et d’un autre temps. Plusieurs personnalités politiques, telles que Cécile Duflot, Éric Coquerel ou encore Benoît Hamon se sont joints à ce concert d’indignation.
Il faut dire les choses posément mais fermement : ce qui s’est passé avec les lycéens de Mantes-la-jolie - ces scènes dont il existe de nombreuses photos et vidéos - est simplement intolérable.
— Cécile Duflot (@CecileDuflot) 6 décembre 2018
pic.twitter.com/mD1aFWZulz
De son côté, Danielle Simonnet, élue PG du 20e arrondissement de Paris, a déploré une scène « indigne de la république ». « On croirait une dictature militaire. J’ai mal à ma France », s’est-elle indignée.
Cette scène est indigne de la République ! On se croirait en dictature militaire. Mais que font-ils aux lycéens de Mantes-la-Jolie ? J'ai mal à ma France.... #MantesLaJolie pic.twitter.com/WSuSGHsk4a
— Simonnet Danielle (@Simonnet2) 6 décembre 2018
Même son de cloche de la part de la Fondation Abbé Pierre qui a déclaré, en s’adressant à la police : « Mais vous êtes fous ? On ne traite pas des mômes ainsi ! »
#INDIGNITÉ #RÉPUBLIQUE
— FondationAbbéPierre (@Abbe_Pierre) 6 décembre 2018
Mais vous êtes fous ? On ne traite pas des mômes ainsi !... Calmons-nous, ce pays ne peut pas sombrer vers davantage de violences encore. https://t.co/pEgi25Joqq
Le commissaire en charge des arrestations assume ces méthodes et assure que les policiers ont simplement voulu « interrompre un processus incontrôlé », suite aux heurts qui ont éclaté dans la journée, marquée par l'incendie de deux véhicules.
Citant une source policière, France Info rapporte que les forces de l’ordre n'avaient pas assez de menottes et qu’ils ont placé les lycéens dans cette posture, qu'ils jugent réglementaire, avant que les renforts n’arrivent. Selon la préfecture de police, la plus jeune des personnes arrêtée serait née en 2006 et la plus âgée en 1998.
« Ces images sont indubitablement dures et inhabituelles (…) Il faut pour autant les mettre en rapport avec les violences qui ont été commises à Mantes-la-Jolie par ces individus depuis trois jours », a pour sa part déclaré Thierry Laurent, directeur de cabinet du préfet des Yvelines.
Interrogé sur ces arrestations lors de la conférence de presse qu'il a donnée ce vendredi, le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner s’est engagé à « rendre publiques » les conclusions de l’enquête qui a été ouverte.