Les manifestations qui secouent l'Algérie depuis fin février sont marquées, entre autres, par des actes de civisme que l'on ne peut que saluer. Ainsi, de nombreux manifestants nettoient eux-mêmes les rues et les trottoirs empruntés par les cortèges.
Voilà maintenant plus d’un mois que l’Algérie connaît une immense vague de protestation. De mémoire de locaux, on n’avait plus assisté à pareille mobilisation depuis des décennies.
Le peuple est en colère et le fait savoir. Refusant que le président en exercice Abdelaziz Bouteflika brigue un cinquième mandat, les Algériens battent donc le pavé chaque vendredi et ce, depuis le 22 février.
Et s’ils ont obtenu du pouvoir un report des élections, la dernière décision de Bouteflika, qui prévoit de promulguer une nouvelle constitution prolongeant son mandat actuel, ne devrait en rien apaiser leur courroux.
« On ne veut plus d'ordures. Ni dans la rue, ni au pouvoir »
Au-delà de la mobilisation et du nombre important de participants, une habitude pas banale caractérise ces manifestations ayant lieu dans tout le pays.
En effet, outre le calme des rassemblements qui - sans faire offense au mouvement des Gilets jaunes - contraste avec les incidents survenus ces dernières semaines en France, c’est l’organisation du ramassage des ordures, à l’initiative même des contestataires, qui interpelle.
En effet, depuis le début de la contestation, on assiste à un bien curieux manège lorsque les cortèges se dissipent. Sur la base du volontariat, plusieurs manifestants nettoient en effet les rues empruntées par les manifestants, ce qui ravit les riverains.
La fin des manifestations du #1mars a annaba, les jeunes chantent... '' nettoyage nettoyage '' ... Très belle leçon de civisme de leurs part... Bravo... #Algerie propre de tous genre de ''saleté'' inchallah.. #non_au_5eme_mandat #NonAu5emeMandat #حراك_1_مارس pic.twitter.com/KqOZTHOWTn
— Zidane Imed Eddine (@ZidaneImed23) 1 mars 2019
« Les rues d'Alger n'ont jamais été aussi propres que depuis le début des manifestations », affirme ainsi un commerçant, dans un reportage réalisé par l’AFP.
Des groupes de volontaires, tels que les « Brassards verts » ou les « Gilets orange » ont vu le jour grâce au relais ses réseaux sociaux, à mesure que la mobilisation s’est amplifiée.
Création d’un groupe sur instagram: « Les brassards verts d’Alger » afin d’organiser la sécurité du défilé ce vendredi. #algerie #NonAu5emeMandat pic.twitter.com/MieJWPEOii
— حسيبة - Hassiba (@hadjhassiba) 7 mars 2019
Bravo pour ce jeune en gilet orange, avec sac poubelle à la main, il marchait pour #non_au_5eme_mandat et ramassait les bouteilles et les pancartes par terre pour #une_kabylie_propre #Algerie pic.twitter.com/h0vw07VX1F
— Madjid SERRAH (@Madjid_SERRAH) 8 mars 2019
Dès que les manifestations se terminent, ils sont ainsi plusieurs dizaines à arpenter les rues, sacs-poubelles en main, traquant le moindre déchet. La plupart du temps, ce sont des bouteilles en plastique, des emballages de biscuits, des paquets et mégots de cigarettes ou encore des gobelets qui sont ramassés. Mais le rôle de ces volontaires ne s'arrête pas là, car ils s'occupent également de la sécurité ainsi que du bon déroulement des défilés.
Manifestations en Algérie : les street-medics sont les « brassards verts » https://t.co/8t50xXFz6F pic.twitter.com/EvII2VKorM
— Secourisme.net (@secourisme_net) 22 mars 2019
Une très belle initiative qui donne encore plus de résonance à ce grand mouvement social incarné en grande partie par la jeunesse.
Plus que jamais, l’Algérie connaît en ce moment un vent de renouveau que Soumia, secouriste et « gilet orange » âgée de 25 ans, résume par la formule suivante : « On ne veut plus d'ordures. Ni dans la rue, ni au pouvoir ».