Nu comme un ver, libre comme l’air, Masafumi Nagasaki a vécu pendant 29 ans sur l’île complètement déserte de Sotobanari, de seulement un kilomètre de diamètre, située dans l’archipel Sakishima. Non, il ne s’y est pas échoué par malheur tel un Robinson Crusoé, ou un Tom Hanks dans Seul Au Monde : il a tout simplement choisi de s’installer dans l’île, où il souhaitait passer le reste de ses jours. À l’âge de 53 ans, Masafumi a tenu à s’isoler de toute forme de civilisation, seul, loin de tout hôpital ou centre de soins, lassé de l’espèce humaine. Aujourd’hui âgé de 82 ans, il a malheureusement dû regagner contre son gré la société à cause de soucis de santé.
Il a choisi de se reconnecter avec la nature en s’éloignant de la société, de sa cruauté. De trouver un endroit qui lui ressemblait, un havre de paix. Masafumi Nagasaki a tenu à s’isoler, à vivre en ermite sur la petite île de Sotobanari alors qu’il avait déjà 53 ans, fatigué par la société japonaise, par la violence de l’être humain. C’est l’un de ses anciens collègues de travail, à Osaka, qui lui avait parlé en premier de l’île, devenu un idéal pour cet homme en quête d'un bonheur, inaccessible dans un quotidien formaté.
Son île est coupée de tout, dénuée des préoccupations et des sentiments des êtres humains du commun. Comme il le dit lui-même dans le reportage ci-dessus, y compris lorsqu’il s’agit de tuer pour manger, pour sa propre survie, il se sent coupable, et s’impose des barrières morales, à l’instar du fait de ne jamais tuer de bébés-tortues, ou de manger leurs œufs. Il a même arrêté de pêcher par culpabilité de tuer des poissons ! Un exemple que beaucoup devraient peut-être suivre, en renonçant à la violence.
Sur son paradis terrestre, il a pu voir en une trentaine d’années des merveilles pareilles à nulle autre, et, contre toute attente, s’en est relativement bien sorti d’un point de vue sanitaire, vivant correctement sur l’île pendant presque trente ans.
Capture d'écran du reportage « Masafumi Nagasaki The naked Japanese alone on a desert island for 29 years », de Docastaway / YouTube
De son point de vue détaché de tout, l’argent et la religion sont les pires choses à être arrivées à la société, puisqu'elles ont entre-déchiré ses membres, les éloignant de la paix. Et lorsque l’on demande au vieil homme s’il s’ennuie parfois sur son île, il glousse, se moquant de cette « question ridicule », expliquant qu’il a tant de tâches à effectuer chaque jour pour survivre qu’il n’a absolument pas le temps de ne rien faire. Après tout, l'oisiveté n'est-elle pas le luxe de ceux qui ont déjà tout ?
« Mon souhait est de mourir ici, sans déranger qui que ce soit. C’est pourquoi je ne veux pas tomber malade, ou être blessé. Je mourrai bientôt, probablement dans quelques années. Je veux être emporté par un typhon, pour que personne n’essaie de me sauver. De toute manière, je n’ai pas peur de mourir du tout »
Masafumi Nagasaki a néanmoins été, il y a quelques semaines, contraint par les autorités de regagner la terre ferme japonaise, et ses habitants, en raison de problèmes de santé l’exposant à un sort funeste en cas de non-prise en charge. Ainsi se sont achevées, contre sa volonté, ses 29 années d’isolement consenti et bénéfique pour lui, par un retour forcé à la société.