Âgée de 18 ans seulement, elle a réussi à remorquer l’embarcation avec l’aide de sa sœur, elle aussi nageuse professionnelle, tandis qu’elles traversaient la Méditerranée. Aujourd’hui, elle a été sélectionnée pour participer… aux Jeux Olympiques de Rio !
C’est une histoire à peine croyable, celle d’une jeune athlète de haut niveau dont le parcours est certainement unique au monde !
Yusra Mardini participera en effet aux Jeux Olympiques de Rio, dans moins d’un mois. Elle fera partie d’une équipe un peu spéciale, puisqu’au lieu de représenter une nation, cette dernière représentera... les réfugiés, les exilés et autres déracinés du monde entier.
Avec 9 autres athlètes eux aussi titulaires du statut de réfugié, elle a été sélectionnée par le Comité International Olympique pour concourir au sein d’une équipe de réfugiés. La création de cette équipe est à l’initiative du président du CIO, Thomas Bach, et il s’agit d’une grande première, sans aucun précédent dans toute l’histoire des Jeux Olympiques ! Comme cette équipe sera internationale par nature, les athlètes défileront derrière le drapeau Olympique, au lieu des drapeaux de leurs patries respectives.
Avant de réserver son billet pour le Brésil, la jeune Syrienne en a bavé. Comme tant d’autres réfugié(e)s, elle a dû faire face aux éléments et elle a manqué de mourir plus d’une fois en tentant de fuir son pays en guerre. Dès les débuts du conflit, elle est contrainte de déménager à de nombreuses reprises avec sa famille.
Même si cela ne facilite évidemment pas les choses, leurs parents sont prêts à tout pour qu’elle et sa grande sœur, toutes deux athlètes de haut niveau, puissent poursuivre leur entraînement. Puis finalement, l’inévitable arrive, elles seront contraintes de fuir Damas, et enfin, de se séparer de leurs parents et de leurs petites sœurs.
Yusra et sa sœur parviennent à rejoindre la Turquie, puis c’est là qu’elles s’embarquent toutes deux sur le fameux canot pneumatique pour rejoindre la Grèce. Sur l’embarcation conçue pour 7 personnes, ils sont 20. Et à part elles, trois personnes seulement savent nager...
Alors, quand le canot menace de couler, les deux sœurs nageuses n’y réfléchissent pas à deux fois : Elles plongent et se mettent à remorquer le canot. Le sauvetage leur demandera finalement 3 heures d’efforts…
"C’était terrible de penser qu’en tant que nageuse j’allais finir par mourir dans l’eau, cet élément que je connais si bien” raconte-t-elle dans une interview accordée au site Madame Figaro. “Quand j’ai sauté à l’eau, tout le monde priait sur le bateau. Ils me disaient tous 'Tu es une fille courageuse' et moi je pensais 'Taisez-vous, laissez-moi tranquille'."
Au petit jour, elles arrivent enfin à regagner la terre ferme. Puis, elles entreprendront une traversée d’Europe avec toutes les difficultés que l’on peut imaginer : frontières infranchissables, passeurs aux méthodes douteuses qui feront tout pour les arnaquer, aller de refuge en refuge… À Berlin, elles finiront par atterir dans un foyer aménagé dans une ancienne caserne de l’armée. C’est là qu’un interprète mettra en contact Yusra et Sarah avec le club de natation de Wasserfreunde Spandau.
Mais les JO approchant (et la jeune fille n’ayant pas pu s’entraîner au cours des deux dernières années suite à la destruction de sa maison en Syrie), sa qualification était loin d’être une évidence, et l’athlète et son mentor visaient plutôt la compétition de 2020.
Pourtant, Yusra s'est retrouvée parmi 43 athlètes pré-sélectionnés par le Comité Olympique pour constituer l'équipe des réfugiés. Et début juin, elle apprend finalement qu’elle fera partie des 10 athlètes retenus ! Elle concourra aux côtés de cinq réfugiés Sud-Soudanais, deux Congolais, un Ethiopien et un compatriote Syrien. Son objectif sera l’épreuve du 200 mètres nage libre.
On lui souhaite une bonne continuation ! Après tout ce qu’elle a enduré et avec son geste héroïque, elle a largement mérité cette belle réussite !