@Nicolas Bruno
Lorsque l’on souffre de paralysie du sommeil, notre esprit est exposé à ses plus grandes angoisses. Ce phénomène, dont nous vous parlions il y a quelques mois, survient au moment où nous sommes sur le point de nous endormir ou au contraire, de nous réveiller : dans un état de conscience, nous sommes soumis à des hallucinations. Les bruits suspects et autres visions angoissantes nous frappent de plein fouet pendant de longues secondes, tandis que notre corps passablement paralysé, oppressé et suffocant ne réagit plus. Ce trouble résulte de l’atonie musculaire, une paralysie naturelle du corps qui survient durant la phase du sommeil paradoxal dans le but de protéger notre corps des potentielles blessures pendant le sommeil : sans cette paralysie, nous serions en train de bouger pendant nos rêves. Dans certains cas, nos hormones continuent à altérer les fonctions motrices de notre corps lorsque nous nous réveillons, et que par conséquent, nous sommes conscients. C’est de là que vient la paralysie du sommeil.
Le photographe d’art américain Nicolas Bruno connaît ce phénomène aussi impressionnant qu’effrayant mieux que quiconque. À travers une série de clichés très angoissante, l’artiste a souhaité donner vie à ses 15 années de souffrance et de frayeurs quotidiennes. Une démarche cathartique, une thérapie pour cet homme qui semble désormais apprivoiser ses peurs.
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Pourquoi ne pas transformer ces cauchemars en œuvres d’art ? Pourquoi ne pas donner une existence physique à ces terribles mirages ? Lorsque Nicolas Bruno se lance dans la réalisation d’une photo, il note préalablement ses cauchemars après le réveil, puis étoffe ses réalisations avec quelques références historiques de façon à apporter un peu plus de consistance à son œuvre. Le plasticien admet mettre en scène ses « luttes physiques et mentales » en revêtant à chaque fois le rôle d’un personnage différent avec un véritable souci du détail, et cela se voit : « J’accorde une immense importance à l’histoire de l’art, la peinture, la sculpture, la couture et l’histoire de la mode » raconte-t-il. Il sait qu’à travers la réalisation de ses œuvres d’art, certains reconnaîtront leur calvaire permanent : « les personnes qui ont déjà connu la paralysie du sommeil au moins une fois dans leur vie seront en mesure de trouver les symboliques que j’ai dispersées dans mon travail ».
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