Polémique en France, après la vente chez Decathlon d'un hijab de running au Maroc

La mise en vente, sur le site de la marque Decathlon, d'un hijab pour les sportives musulmanes a provoqué de nombreuses réactions en France.

Et on reparle du voile, ou plutôt du hijab, qui n’a décidément pas son pareil - à tort ou à raison - pour déclencher des débats enflammés dans l’hexagone.

Une fois n’est pas coutume, tout est parti d’une initiative commerciale qui ne passe pas aux yeux de certains. Le coupable désigné s’avère être la marque Décathlon.

La célèbre enseigne française, spécialisée dans les articles de sport, va prochainement proposer à la vente des hijab de running pour les sportives musulmanes au Maroc. Un produit bien ciblé que la marque souhaite étendre à d’autres pays.

Crédit photo : capture d'écran Twitter

Bien que disponible uniquement sur le marché marocain pour le moment, l’étoffe destinée aux femmes voilées n’est pas du goût de tous. À peine mise en ligne sur la version française du site Decathlon.fr, la fiche technique de l’article - retirée depuis - a en effet provoqué bon nombre de réactions chez les internautes mais aussi des personnalités politiques.

« Decathlon se soumet à l’islamisme » et « renie les valeurs de notre civilisation »

Il n’en fallait pas plus pour que la toile s’enflamme. C’est d’abord la porte-parole du parti LR Lydia Guirous qui a interpellé l’enseigne sur Twitter, accusant cette dernière de se se soumettre à l’islamisme et de faire le jeu du communautarisme à des fins commerciales.

« Decathlon se soumet également à l’islamisme qui ne tolère les femmes que la tête couverte d'un hijab pour affirmer leur appartenance à la oumma et leur soumission aux hommes. Decathlon renie donc les valeurs de notre civilisation sur l'autel du marché et du marketing communautaire », s’est-elle insurgée.

Ce à quoi la marque a répondu en réfutant ces accusations. « Rassurez-vous, nous ne renions aucune de nos valeurs. Nous avons toujours tout fait pour rendre la pratique du sport plus accessible, partout dans le monde. Ce hijab était un besoin de certaines pratiquantes de course à pied, et nous répondons donc à ce besoin sportif », a ainsi expliqué l’enseigne, qui a toutefois reconnu avoir commis une « erreur », en publiant de manière prématurée la fiche produit « alors que le stock n’est pas encore disponible ».

Interrogé sur la question, le président de Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan a tout simplement appelé au boycott de la marque, arguant du fait qu’il n’avait « pas envie » de vivre « dans un pays où la place des femmes dans la société régresse comme en Arabie Saoudite ».

Plus mesurée, Agnès Buzyn a rappelé qu’une telle initiative n’était pas interdite, tout en insistant sur le fait qu’elle était en désaccord avec le symbole que représente à ses yeux le hijab.

« C'est légal ! Cependant, c’est une vision de la femme que je ne partage pas (…) si l’on souhaite l’égalité femme/homme, ce n’est pas pour que les femmes cachent leur visage. Je trouve que ça ne correspond pas bien aux valeurs de notre pays mais ce n’est pas interdit (…) j'aurais préféré qu'une marque française ne promeuve pas le voile », a ainsi déclaré la ministre de la Santé chez nos confrères de RTL.

De son côté, la Ligue du droit international des femmes a fustigé Decathlon, qui « se fait le promoteur de l’apartheid sexuel » en proposant ces hijab, selon elle.

« La raison est plus sportive que financière. Certaines femmes nous ont exprimé ce besoin, et n'avaient pas de produit adapté à leur manière de pratiquer leur sport. Avec ce hijab, nous répondons simplement à ce besoin », s’est encore justifiée la marque, qui n’a de cesse d’être interpelée sur Twitter.

Si de nombreux anonymes se sont insurgés de cette vente, d’autres ont en revanche pris la défense de Decathlon dénonçant une polémique stérile, aux relents islamophobes.

Vous l'aurez compris, ce hijab de sport ne laisse personne indifférent. Toutefois et malgré la polémique, l’enseigne assume son choix, qui semble être dicté par une réalité économique que l’on ne peut occulter. Selon un récent rapport, on estime en effet que que la « mode islamique « a généré 237,37 milliards d'euros en 2017 et le chiffre ne cesse d'augmenter. Une manne non-négligeable !

Source : LCI
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Au sujet de l'auteur :

Évoluant dans la presse web depuis l’époque où celle-ci n’en était encore qu’à ses balbutiements, Mathieu est un journaliste autodidacte et l’un de nos principaux rédacteurs. Naviguant entre les news généralistes et les contenus plus décalés, sa plume s’efforce d’innover dans la forme sans jamais sacrifier le fond. Au-delà de l’actualité, son travail s’intéresse autant à l’histoire qu’aux questions environnementales et témoigne d’une certaine sensibilité à la cause animale.