En France, les commerces victimes de vols hésitent de moins en moins à exposer les visages des voleurs, que ce soit sur les réseaux sociaux ou sur leurs vitrines. Une pratique pourtant illégale.
Ça commençait à bien faire pour Mathieu Fouligny, gérant d’un supermarché à Forbach, en Moselle. Contraint de faire face aux nombreux vols à l’étalage commis dans son établissement, il a décidé de prendre le taureau par les cornes après avoir identifié une voleuse grâce à la vidéosurveillance : “On voit que la personne remplit son sac. On s’est aperçu qu’elle a volé pour plus de 150 euros”, explique-t-il au micro de TF1.
S’il a porté plainte, il a également pris le pari de publier les images du vol sur les réseaux sociaux. Une pratique qui est tout simplement illégale mais pour le gérant du supermarché, qui se sent démuni face à la lenteur de la justice, il n’y avait pas d’autres solutions : “On en arrive là parce qu’on se sent démunis. Je dépose plainte à chaque fois, mais ça n’aboutit pas. On n’a jamais le retour de la plainte, on ne ne sait pas ce qu’il en est. On règle nos problèmes nous-mêmes”, se justifie-t-il.
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Une pratique illégale, certes, mais de plus en plus répandue à travers la France. En effet, les commerçants hésitent de moins en moins à exposer les visages des voleurs sur les réseaux sociaux, voire même directement sur leur vitrine.
À Nice, un magasin a opté pour la dénonciation sur sa vitrine avec un message d’alerte contre les voleuses, affichant les photos de plusieurs femmes : “On m’a volé pour 500 euros. Deux groupes de femmes qui sont venues deux jours consécutifs, que je vois clairement sur la vidéo. Que faire ? Je mets leurs photos pour prévenir le quartier”.
Que risquent les commerçants ?
Cette commerçante niçoise a ensuite retiré les photos, par crainte de représailles de la justice alors qu’elle n’a pas porté plainte. Dans le quartier, la pratique divise aussi : “Il faut aller au commissariat et les identifier, avant de se faire justice soi-même”, regrette une passante tandis qu’une autre dénonce “la délation”.
D’autres comprennent la démarche pour dissuader aux voleurs et voleuses de revenir dans le magasin si elles voient leurs visages affichés en vitrine. Cependant, se faire justice de la sorte est risqué pour les commerçants qui encourent jusqu’à 15 000 euros d’amende et un an de prison.
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En effet, le simple fait d’utiliser l’image de quelqu’un sans son consentement relève d’une infraction qui peut être liée soit au droit à l’image, soit à la présomption d’innocence et aux droits et libertés des personnes.
À l’étranger, certains pays sont moins regardants sur cette pratique de délation comme à Singapour où un magasin a affiché un véritable “mur des voleurs”.