Le crave à bec rouge est un oiseau rare qui avait disparu de Normandie depuis 1878, et il vient d’y faire son retour pour le plus grand bonheur des amoureux de la nature !
Crédit : Oiseaux en photos
En effet, il a été observé pour la première fois au mois de septembre dernier par Yann Mouchel, le garde gestionnaire des sites naturels littoraux protégés de la Côte des Isles au Symel. Il est tombé nez à nez avec l’oiseau par hasard alors qu’il accompagnait un groupe de stagiaires venu faire des chantiers nature dans les dunes de Lindberg. C’est au pied du muret du cap de Carteret, face au sémaphore, qu’il a levé les yeux et reconnu de suite un crave à bec rouge. Et pour cause, ce dernier le connaît particulièrement bien car lorsqu’il était enfant, il était passionné par cet animal et avait l’habitude de l’observer à Belle-Ile-en-Mer.
Cette espèce d’oiseau est facilement reconnaissable grâce à ses caractéristiques physiques, à commencer par son plumage noir avec des reflets bleus, son bec recourbé et ses pattes rouges. Autre détail important qui permet d’identifier l’animal à coup sûr, son cri très particulier qui semble prononcer le mot « kia » et son gabarit d’environ 40 centimètres d’envergure. Il passe de longues heures à picorer le sol à la recherche de vers, d’araignées et d’autres insectes qui font majoritairement partie de son régime alimentaire.
Crédit : JJ Boujot
Le crave à bec rouge réintroduit à Jersey
Réintroduit à Jersey, qui n’est autre que la plus grande des îles Anglo-Normandes (située dans la Manche, ndlr), le crave à bec rouge semble prendre la mesure de son retour dans cet environnement qu’il affectionnait tant jadis. Glynn Young et Élisabeth Corry sont les deux chercheurs britanniques qui s’occupent d’organiser la réintroduction dans la nature de cette espèce d’oiseau mais également de gérer son suivi. Ils ont été prévenus de la découverte de Yann Mouchel et ont accueilli cette nouvelle avec beaucoup d’excitation.
Le fait qu’un crave ait parcouru des kilomètres jusqu’à atteindre le site du cap de Carteret prouve qu’il se réapproprie la région et commence à aller au-delà des frontières du simple territoire sur lequel il a été réintroduit à la base, c’est à dire l’île de Jersey. Il faut voir cette présence comme une récompense à tous les efforts qui ont été fournis par celle et ceux qui dédient leur vie à la conservation des oiseaux et plus largement de la biodiversité.
Seule question en suspens, les experts se demandent comment va se passer la cohabitation avec le faucon pèlerin si ce dernier revient nicher au printemps comme il en a l’habitude. Affaire à suivre donc !