Un député LR d'Eure-et-Loir a saisi ce jeudi la justice afin que toute la lumière soit faite sur les agissements d’Emmanuel Macron lors du rachat d’Alstom énergie en 2014.
Dans un courrier adressé au parquet de Paris, le député Olivier Marleix (LR) s’interroge ainsi sur le véritable rôle joué par l’actuel président dans la vente de la branche énergie d’Alstom au groupe américain General Electric.
Ancien président de la Commission parlementaire sur « les décisions de l’État en matière de politique industrielle », l’élu soupçonne Emmanuel Macron - qui avait validé le rachat de la discorde à l’époque en sa qualité de ministre de l’Économie et de l’industrie - d’avoir pu bénéficier rétroactivement de cette vente ainsi que d’autres cessions, sous forme de dons lors de sa campagne électorale.
« S’il était vérifié, un tel système pourrait être interprété comme un pacte de corruption »
Invoquant l'article 40 du code pénal - qui stipule que tout fonctionnaire au courant d'un crime ou d'un délit doit en informer le procureur de la République -, Olivier Marleix s’étonne que les autorités françaises n'aient « jamais ouvert d’enquête » sur la vente, alors que des faits de corruption au sein du fleuron industriel français ont depuis été avérés entre 2000 et 2011.
Olivier Marleix (Député LR d'Eure-et-Loir). Crédit photo : capture d'écran Twitter
Le parlementaire évoque notamment le fait que la commission d’enquête - qu’il présidait - a « mis en évidence » que la procédure de contrôle des investissements étrangers « a été détournée ».
Il relève ainsi qu’Emmanuel Macron a « formellement donné l’autorisation » du rachat d'Alstom énergie mais a « également autorisé » d’autres cessions d’actifs « d’entreprises stratégiques françaises », dont la multinationale de télécommunications Alcatel-Lucent.
Dans sa lettre, Olivier Marleix rappelle par ailleurs que le candidat Macron a bénéficié durant sa campagne d’un « montant de dons records », estimé à environ 15 millions d’euros. Selon lui, « le fait que l'on puisse retrouver dans la liste des donateurs ou des organisateurs de dîners de levée de fonds des personnes qui auraient été intéressées aux ventes précitées ne peut qu’interroger ».
L’élu va même plus loin et évoque l’hypothèse que le « système » découlant de ces cessions d’actifs aurait pu bénéficier au chef de l’État, lors de sa campagne électorale pour l’élection présidentielle de 2017.
« Puisqu'une enquête préliminaire a été ouverte en novembre dernier sur les dons reçus par le parti En marche ! (...) il m'a paru nécessaire de vous signaler ces éléments (…) S’il était vérifié, un tel système pourrait être interprété comme un pacte de corruption », croit savoir le député.
Selon le Figaro, qui cite une source judiciaire, son signalement est actuellement étudié par le parquet de Paris.
Notons que le courrier a été envoyé au lendemain de la sortie de l’ouvrage intitulé « Le piège américain », dans lequel Frédéric Pierucci - ex-dirigeant d’Alstom - affirme que l’entreprise française a dû entériner la vente sous la pression des États-Unis. Les Américains se livreraient selon lui à « une guerre économique souterraine » pour rafler les fleurons industriels européens, « en détournant le droit et la morale ».