Des parents d'enfants hospitalisés s'insurgent contre le déremboursement des frais de transport

La réforme du remboursement des transports médicaux passe mal. Une mère de famille, dont le fils est hospitalisé, ne peut plus assumer les frais de déplacement de son enfant, qui, en conséquence ne rentre plus à la maison les week-ends.

Crédits : Martin bowra / Shutterstock

Depuis l'entrée en vigueur d'un décret le 1er octobre, ce sont aux établissements de santé de prendre en charge les frais de transport des patients ou à leurs familles, et non plus à la Sécurité sociale. Une mesure qui devrait permettre au service public d'économiser 320 millions d'euros dès l'an prochain.

Mais cela est loin d'être du goût des familles de patients hospitalisés, en rééducation ou handicapés, à qui il revient désormais d'assumer ce coût, qui représente un budget conséquent pour bon nombre d'entre elles. En effet, faute de moyen du côté des lieux de santé, les transports médicaux ne sont plus automatiquement remboursés pour les patients hospitalisés pour de longues durées, par exemple.

Nassira, une mère de famille originaire du Var qui doit débourser des sommes folles pour que son fils Joakim, âgé de 19 ans et handicapé moteur et mental, puisse rentrer à la maison le week-end, exprime son mécontentement au micro d'Europe 1. « Ça a été un choc, confie-t-elle. J'avais préparé sa chambre en me disant qu'il allait rentrer le lendemain… Et là on me dit qu'il faut payer 150 euros l'aller-retour pour emmener mon enfant. Financièrement, en travaillant à mi-temps, je ne peux pas me le permettre. Du coup, j'ai tout laissé tomber… », regrette-t-elle.

Si ces frais de transport ne sont pas nécessairement remboursés, c'est parce qu'auparavant les médecins facturaient une « sortie thérapeutique » à l'Assurance maladie. Ce coût, désormais à la charge des établissements, est considéré comme des sorties dites de « convenances personnelles » et n'est donc plus pris en charge.

Face à cette situation, l'association Les Ptits Loukoums a lancé une pétition en ligne adressée au ministère de la Santé et signée par près de 4 500 personnes ce vendredi. « Actuellement les établissements de santé n’ont pas reçu l’enveloppe budgétaire qui est censée leur être attribuée pour payer les transports à la place de la CPAM et donc la conséquence est que si les familles ne peuvent pas payer eux-mêmes leur transport, les enfants ne rentrent plus chez eux ! », développe l'association sur son compte Facebook.

Un climat pesant

Résultat pour la plupart des familles : plus de sorties du tout. Cela fait ainsi deux semaines que le fils de Nassira n'est pas rentré à la maison. « Pour moi, c'est très très dur », déplore-t-elle.

À l'écouter, ces circonstances semblent peser tout autant sur le moral du jeune homme. « Les trois jours pendant lesquels je prenais Joakim étaient très très importants pour son bien-être. S'il ne voit plus sa maman, son frère ou sa sœur, il se laisse aller, explique-t-elle à la radio. Quand il vient à la maison, on le voit, il a une joie pas possible. (...) Et à l'heure actuelle, quand je dois aller le voir au centre, il n'a plus ce sourire. J'ai l'impression qu'on me l'a changé », regrette-t-elle.

L'association Les Ptits Loukoums espère faire comprendre l'enjeu de la situation tant pour les malades que pour leurs proches et ainsi obtenir l'annulation de ce décret en engageant un « bras de fer avec le ministère de la Santé ».

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