Un ressortissant américain a récemment été tué par la tribu réputée la plus isolée du monde.
Un touriste américain, qui tentait de rentrer en contact avec des autochtones appartenant à la tribu des Sentinelles, a été assassiné par ces derniers le 16 novembre en Asie.
Considérée comme la plus isolée du globe voire la plus dangereuse, la tribu des Sentinelles serait composée d’une quarantaine de personnes, coupées du reste du monde et hostiles à la civilisation moderne. Un peuple vivant en autarcie depuis des siècles sur l’île North Sentinel, située dans l’archipel des Andaman, dans la mer éponyme.
Ces chasseurs-cueilleurs au mode de vie « primitif » refusent le moindre contact avec la modernité et s’attaquent à quiconque oserait s’aventurer sur leur terre. Raison pour laquelle l’Inde, à laquelle est rattaché ce territoire, interdit de s’en approcher à moins de 5 kilomètres depuis 8 ans.
C’est d’ailleurs le sort funeste qu’a connu ce ressortissant américain, nommé John Chau, qui a donc été assassiné avant même d’avoir pu rencontrer les insulaires. À peine avait-il posé le pied sur l’île qu’une volée de flèches l’a en effet mortellement touché.
Un missionnaire chrétien souhaitant convertir les autochtones ?
Originaire de l’Alabama, ce jeune homme de 27 ans, présenté comme un globe-trotter, avait ainsi payé des pêcheurs locaux afin que ces derniers lui permettent de rallier l’île North Sentinel. Celle-ci se trouvant à une cinquantaine de kilomètres à l’ouest au large de Port Blair, plus grande ville des Îles Andaman.
Conduit à quelques encablures de sa destination, l’homme avait fini son périple seul avant d'accoster sur la terre ferme, où l’ont très vite encerclé les autochtones avant de le tuer. Il avait déjà tenté, deux jours auparavant, de se rendre sur place, mais sans succès.
« Il a été attaqué avec des flèches, mais il a continué à marcher. Les pêcheurs ont vu les habitants de l’île lui nouer une corde autour du cou et traîner son corps », a expliqué la police indienne. Les pêcheurs « ont pris peur et se sont enfuis, mais ils sont revenus le matin suivant et ont vu son corps sur la plage », a poursuivi cette même source. Une enquête pour meurtre a été ouverte et 7 pêcheurs ont été arrêtés.
Pour quelle raison John Chau tenait-il à se rendre sur l'île ? Selon les derniers éléments de l’enquête, le journal intime de la victime laisse entendre qu’elle se considérait comme un missionnaire chrétien souhaitant apporter la foi aux autochtones. « Vous pensez peut-être que je suis fou de faire tout ça mais je pense que ça vaut la peine d'apporter Jésus à ces gens (…) Ce n'est pas en vain - les vies éternelles de cette tribu sont à portée de main et j'ai hâte de les voir adorer Dieu dans leur propre langage », écrit-il dans une lettre rédigée le matin du drame et adressée à sa famille.
Une version que la police a toutefois nuancée, sans l’infirmer. « Les gens ont cru que c’était un missionnaire, car il a parlé de sa foi. (…) Mais ce n’en était pas un au sens strict. C’était un aventurier », a ainsi précisé le chef de la police des îles Andaman.
« Il n’est pas impossible que les Sentinelles viennent d’être contaminées par des agents infectieux mortels »
Ce drame pourrait avoir de sérieuses répercussions sur la tribu car, comme le rappelle l’ONG Survival International, ce contact brutal risque d’avoir des conséquences désastreuses sur la santé des autochtones.
«A tragedy that should never have been allowed to happen» – Survival’s Director Stephen Corry on the killing of an American by the #uncontacted Sentinelese tribe. https://t.co/nrfGyRAUc1
— Survival International (@Survival) 22 novembre 2018
If the Indian authorities had properly enforced the protection of the #Sentinelese & their island, this would never have happened. Our statement on the killing of an American missionary making contact with the Sentinelese tribe in the Andaman Islands. https://t.co/lcETVc5z2N
— Survival International (@Survival) 21 novembre 2018
« C'est une tragédie qui n’aurait jamais dû se produire (…) il n’est pas impossible que les Sentinelles viennent d’être contaminées par des agents infectieux mortels - potentiellement apportés par le touriste - contre lesquels ils n’ont pas d’immunité, avec le potentiel d’éradiquer toute la tribu », a ainsi déploré l’organisation britannique.
Survival International, qui milite pour la défense des peuples autochtones, croit savoir que les membres de cette tribu des Sentinelles sont les derniers descendants des premières populations humaines à être sorties d’Afrique. Leur installation dans l'archipel des Andaman remonterait à soixante mille ans. Par le passé, le gouvernement indien a tenté à plusieurs reprises d'établir un contact, en vain. Devant l'échec de ces tentatives, l'Inde a finalement renoncé à ce projet depuis les années 90 et surveille désormais la tribu de loin, en s'assurant que ses membres sont en bonne santé.