Nous savions que sourire à un bébé en faisait quelqu’un de plus souriant une fois atteint l’âge adulte, et que lui donner beaucoup d’amour avait des conséquences directes sur son comportement. Nous apprenons à présent que cela va au-delà de l’aspect comportemental, puisqu’une étude menée par des chercheurs de l'université de Californie à San Francisco publiée le 23 mars 2018 a révélé que câliner un bébé modifiait directement des gènes dans l'ADN de ses cellules cérébrales.
Image d'illustration d'une mère et son bébé. Crédit photo : Nina Buday / Shutterstock
Vous le savez certainement : les études scientifiques sont très souvent menées sur des souris car leur patrimoine génétique s’avère proche du nôtre. C’est ainsi en menant cette étude sur des souris que les scientifiques sont parvenus à la conclusion que le fait de choyer un bébé influençait directement son ADN.
L'ADN des cellules du cerveau des nouveau-nés jusqu’au sevrage s’altère en effet en fonction des câlins reçus : le nombre de gènes copiés-collés sur le brin d'ADN et leur répartition sont directement modifiés selon le degré d’affection. Pour parvenir à cette observation, les chercheurs ont étudié deux groupes de souriceaux. L’un était composé de petites souris recevant beaucoup d’affection, l’autre de souris quelque peu délaissées. C’est alors qu’ils ont constaté que le nombre de gènes dans l'ADN des cellules cérébrales dépendait du degré de maternage, pouvant causer un phénomène de « rétrotransposition ».
Il s’est avéré qu’en échangeant des souriceaux des deux groupes, en confiant des petites souris délaissées à des mères attentionnées et inversement, l’ADN était également modifié, balayant ainsi l’hypothèse d’un effet héréditaire, et confirmant le fait que ce phénomène est bel et bien dû à l’environnement. Ceux qui ont été délaissés à la naissance et n'ont pas été confiés à d'autres mères ont subi des copiés-collés génétiques, et se sont avérés être davantage stressés une fois adultes, en plus de montrer des signes d’inadaptation.
Cette découverte, que nous pouvons aisément transposer à l’homme, permettrait de mieux comprendre les causes de pathologies comme la dépression, qui pourraient alors prendre racine peu après la naissance, au sein même de notre ADN.