C'est demain que se déroulera la grande manifestation contre la hausse des carburants, un peu partout dans le pays. À quoi faut-il s'attendre ?
À moins de 24 heures de la mobilisation contre l’augmentation des prix du carburant, qu’en est-il des forces en présence ? Les actions prévues vont-elles être suivies massivement ? Entre celles ou ceux qui hésitent à se joindre aux blocages et les appels exhortant ce mouvement à s’enraciner sur la durée, difficile d’y voir clair. État des lieux.
Les gilets jaunes vont-ils rhabiller le gouvernement pour l’hiver ? Alors que la vague de protestation qu’ils ont initié n’a eu de cesse de s’amplifier ces dernières semaines, le gouvernement doit-il craindre la véritable démonstration de force annoncée ?
« Si on vous demande pourquoi vous traversez, répondez que vous cherchez du travail »
Si Édouard Philippe a prévenu les manifestants que tout blocage sera sanctionné, les partisans du mouvement - soutenu par 73 % des Français selon un dernier sondage - sont en tout cas prêts à en découdre sans toutefois se mettre hors la loi, comme en témoignent ces nombreux tutoriels devenus viraux sur les réseaux sociaux.
Ainsi, plusieurs consignes ont été données sur Facebook afin de bloquer des ronds-points sans être, en théorie, verbalisé. « Il est très simple de bloquer un rond-point en toute légalité… Prenez 40-50 piétons et marchez en rond sur les passages piétons ; vous respectez la loi et en plus vous avez priorité sur les voitures », explique en effet un message partagé plus de 20 000 fois sur Facebook et posté à l’origine sur la page officielle des Gilets jaunes, le 14 novembre.
« En 10 minutes, des km de bouchons à la ronde et la police ne peut pas intervenir car vous ne faites que traverser… tout en respectant le code la route », poursuit la missive avant de conclure, en guise de clin d’oeil taquin au président Macron : « Si on vous demande pourquoi vous traversez tout le temps, répondez que vous cherchez du travail ».
« Castaner fait peur » : des gilets jaunes jettent l’éponge par peur d’être sanctionnés
Un tel subterfuge a-t-il des chances de réussir ? Si l’on en croit les propos de Maître Eric de Caumont, interrogé par BFM TV, ce recours est « malin » car « le piéton a priorité en traversant ». Une bonne idée, d'autant qu' « une nouvelle législation sanctionne désormais d’un retrait de 6 points un automobiliste qui ne laisserait pas la priorité » précise cet avocat spécialisé dans le droit routier.
Néanmoins, ce dernier rappelle qu’en droit, l’entrave à la circulation est prohibée. Les contrevenants risquent ainsi 4 500 euros d’amende, jusqu’à 2 ans de prison et 3 ans de suspension de permis, mais aussi 6 points de moins. De plus, les différentes manifestations pourraient être interdites si ces dernières ne sont pas déclarées en préfecture, au préalable. Officiellement, un seul rassemblement a pour l’instant été déclaré. Il aura lieu Porte de Bercy, dès 6h du matin, à l’initiative de chauffeurs VTC.
Autant de raisons qui en ont dissuadé plus d’un de participer au blocage des routes comme l’explique Europe 1. Ainsi, à Vitré, en Ille-et-Vilaine, nombreux sont ceux qui ont dû se résoudre à abandonner devant la menace brandie par l’État. « Quand on voit Castaner parler, c'est un gars qui fait peur. Quand il dit qu'il n'acceptera aucun blocage, ça veut dire verbalisations, retraits de permis de conduire… C'est la peur du gendarme. Les gens se sont dit qu'ils ne prenaient pas le risque », déplore l’initiateur du mouvement local.
D’autres sont en revanche bien déterminés à faire entendre leur voix et bloqueront plusieurs routes, tout en prenant soin toutefois de ne pas entraver la circulation des véhicules prioritaires (vidéo ci-dessous). S’il est difficile de prévoir quels seront les axes bloqués, le trafic sur le périphérique, au niveau notamment de la Porte Maillot, risque d’en pâtir. Le mouvement, dont beaucoup de membres souhaitent un prolongement au-delà du 17 novembre, prévoit également de prendre la direction de l'Élysée à pied ou en voiture à partir de 13 heures, ce qui pourrait occasionner des perturbations intramuros.
Enfin, notons que les RG ont d'ores et déjà identifié les meneurs des gilets jaunes, indiquant que ces derniers étaient au nombre de 8, originaires de la région parisienne, qu’ils étaient apolitiques et n’avaient aucun lien avec des groupuscules violents.