Le 13 janvier dernier, dans un supermarché de Vesoul en Haute-Saône, une femme souffrant de la maladie de Crohn s’est vue interdire l’accès aux toilettes de l’établissement en raison des mesures sanitaires liées au coronavirus.
Une scène intolérable quand on sait que cette pathologie invisible provoque d’importantes fatigues, de fortes douleurs abdominales et des diarrhées que le patient ne peut généralement pas retenir. Alors certes, le personnel du magasin n’était pas forcément au courant de l’aspect médical, mais c’est justement pour cela que Sylvie Brasseur, 63 ans, leur a présenté sa carte « urgence toilette ».
Cette dernière a pour objectif de venir en aide aux personnes sujettes à des pertes de contrôles dues à des maladies et justifie donc leur utilisation des sanitaires de magasins.
« J’étais en transpiration, toute blanche. J’ai senti qu’il allait se passer quelque chose. J’ai présenté ma carte 'urgence toilettes' de la fondation AFA (association François Aupetit) mais on m’a refusé l’accès aux toilettes. Tout est parti sur le parking. J’étais en pleurs devant ma voiture et souillée jusqu’aux bottes. Après avoir chargé mes courses, je suis rentrée chez moi. Je me suis précipitée dans la baignoire, tout habillée… Je souhaite faire bouger les choses. Ce n’est pas la première fois que ça m’arrive, mais c’est la fois de trop. Il y a un manque d’empathie de la part du personnel » dénonce Sylvie Brasseur, diagnostiquée de la maladie de Crohn depuis 2002.
Crédit : ER / Bruno Grandjean
Une affaire de santé publique
En ayant le courage de rendre public cet événement particulièrement traumatisant, elle espère faire parler de cette problématique qui touche de nombreuses personnes en France.
En effet, il est parfois difficile de le réaliser par soi-même lorsqu’on n’est pas directement touché par un handicap mais l’accès aux sanitaires dans l’espace public est souvent très compliqué, que ce soit à l’école ou dans les transports.
Pour améliorer ces conditions et faciliter la vie de toutes celles et ceux dont la maladie nécessite une utilisation fréquente et urgente des toilettes, fin 2020, l’association François Aupetit a lancé une pétition dont le but est de sensibiliser le grand public et d’interpeller les décideurs politiques.
De son côté, la chaîne de supermarchés qui dirige le magasin dans lequel s’est déroulée cette histoire a déclaré via un communiqué :
« Nous regrettons l’incident et avons adressé à notre cliente nos plus sincères excuses pour le désagrément subi. En cette période de crise sanitaire sans précédent, nous mettons en place un protocole dans l’ensemble de nos supermarchés en France afin de limiter la propagation du virus et demandons des mesures en ce sens à nos salariés.
Ils sont donc invités à respecter et faire respecter les règles en matière d’hygiène pour assurer la sécurité de tous, nos clients comme les collaborateurs. Les équipes qui ont accueilli la cliente ont, en effet, dans un premier temps refusé l’accès aux toilettes pour éviter toute prise de risque. Cependant, une fois informés de la situation, les responsables du supermarché avaient autorisé l’accès, mais la cliente avait déjà quitté les lieux. »
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