Ça n'aura échappé à personne, de nombreux automobilistes ont franchi les péages gratuitement durant les opérations de blocage des « gilets jaunes ». Toutefois, l'entreprise Vinci ne l'entend pas de cette oreille et souhaite identifier les conducteurs en question, afin que ces derniers s'aquittent du droit de passage.
À plusieurs reprises, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire, a dénoncé « l’impact sévère » de la crise des « gilets jaunes » sur l’économie du pays, n’hésitant d’ailleurs pas à parler de « catastrophe », en évoquant les violences liées au mouvement.
S’il est encore trop tôt pour évaluer avec certitude le manque à gagner, certaines entreprises estiment d’ores et déjà que leurs pertes s’élèvent à plusieurs millions d’euros. C’est notamment le cas de la société autoroutière Vinci qui a donc décidé de contre-attaquer, en faisant payer tous les usagers ayant bénéficié des opérations « péages gratuits ».
« Beaucoup ont déjà contacté d'eux-mêmes le service clients pour régler leurs trajets »
Vinci va en effet adresser une facture à chacun des automobilistes ayant franchi les barrières gratuitement, lors des opérations de blocage organisées par les « gilets jaunes ». Si vous faites partie de ces « contrevenants », vous risquez donc de recevoir très prochainement un courrier vous sommant de régler la note.
Afin d’identifier les automobilistes, Vinci compte se servir des images des caméras de vidéosurveillance installées sur les péages. La société autoroutière n’aura ensuite aucun mal à retrouver les véhicules concernés car elle dispose d’un accès direct au fichier des plaques d’immatriculation, fourni par le ministère de l'Intérieur.
« Il s'agit juste d'appliquer une procédure de régularisation », a justifié l’entreprise, interrogée par nos confrères de France Info. « Beaucoup de clients ont déjà contacté d'eux-mêmes le service clients pour régler leurs trajets », a par ailleurs assuré la société, qui a tenu à remercier ces deniers pour leur « civisme ».
Dans un communiqué publié dimanche, Vinci indiquait que « près de 250 sites » avaient « été impactés quotidiennement par les actions des manifestants », depuis le début de la mobilisation des « gilets jaunes ». Le groupe estime à « plusieurs dizaines de millions d’euros » le montant des dégâts causés par les dégradations et autres incendies, constatés notamment sur les péages de Bandol et Narbonne.
Loin de faire l’unanimité, cette décision n’a pas tardé à faire réagir en particulier l’association « 40 millions d’automobilistes », qui la qualifie d’« indécente ».
"40 millions d’automobilistes" trouve "indécent" de facturer ceux qui ont franchi les péages de Vinci Autoroutes gratuitement : https://t.co/gK9ftP7cJn #40MA
— 40 Millions d'Auto.. (@40MA) 18 décembre 2018
Mise à jour : le groupe Vinci a annoncé, dans un communiqué officiel, qu'il renonçait à cette mesure face à un "grand nombre de réactions négatives", tout en appelant au civisme de chacun dans des circonstances exceptionnelles.
Mise au point pic.twitter.com/s7lc762J5M
— Pierre Coppey (@PierreCoppey) 18 décembre 2018