L’ascension de l’Everest est-elle, comme certains le laissent entendre, une chose facile à réaliser ? Des spécialistes mettent en garde sur cette croyance.
La sortie controversée du documentaire Kaizen, 1 an pour gravir l’Everest ! d'Inoxtag fait beaucoup réagir. En particulier des spécialistes du genre comme Pascal Tournaire. À la suite du documentaire, l’alpiniste français avait déclaré :
« Si on se donne les moyens, c'est accessible à n'importe quelle personne en bonne santé qui se botte un peu les fesses. Là, je ne vois pas où est l'exploit. Aujourd'hui, gravir l'Everest avec de l'oxygène, c'est comme faire le Tour de France avec un vélo électrique »
Kaizen, un succès polémique
Pour rappel, le documentaire est un véritable succès sur Youtube. Il cumule à ce jour 30 millions de vues sur la plateforme de vidéos, tandis que sa sortie au cinéma a comptabilisé 340 000 spectateurs. Mais le phénomène Kaizen a aussi déclenché de nombreux débats.
Suite à ces propos, des voix se sont élevées pour contredire Pascal Tournaire. Selon Delphine Chaigneau, 15ème Française à avoir gravi l’Everest et qui a croisé le Youtubeur durant son ascension, « tout le monde ne peut pas aller en haut » et ce, quel que soit l'entraînement suivi. En revanche, tout le monde peut l’organiser mais peu auront les moyens de se payer le périple.
En effet, organiser une ascension sur l’Everest demande un investissement de 45 000 euros en moyenne par personne, renseigne le site France info. Ce tarif comprend le prix du permis délivré par le gouvernement népalais (10 000 l’unité avant de passer à 13 5000 euros en 2025) puis le guide, l’oxygène et le logement.
Des conditions météorologiques extrêmes
Crédit image : iStock
Une fois la difficulté financière dépassée, reste le plus important : l’ascension des 8 849 mètres. Les conditions sont hostiles en altitude. Entre le manque d’oxygène, la température extrême et le vent, tout le monde n’est pas égal face aux éléments naturels.
« N'importe qui ne peut pas faire l'Everest » tempère Any Laborieux, médecin au centre hospitalier d'Antibes, interrogée par nos confrères. Elle rappelle que si vous n’avez pas la bonne préparation physique ou une connaissance du milieu montagnard, les choses peuvent devenir très compliquées. La spécialiste compare ainsi une ascension de l’Everest à un voyage sur la Lune. On aperçoit d'ailleurs dans le documentaire d'Inoxtag de nombreux grimpeurs en difficulté durant l'ascension.
Delphine Chaigneau rappelle également que l’ascension de l’Everest peut être longue à cause du sur-tourisme. Les grimpeurs doivent parfois patienter un mois dans l’un des quatre camps avant de franchir le sommet du fait des conditions climatiques. Ensuite, le périple peut se faire en « 26 heures non-stop ».
Crédit photo : Inoxtag/ Youtube
Pour l’alpiniste, le meilleur entraînement reste d’escalader plusieurs montagnes, notamment en allant au-delà des 6000 mètres d’altitude. Après cela, les choses deviennent plus simples.
Outre les moyens financiers, l’ascension de l’Everest requiert une condition physique et un mental à toute épreuve. D’autres spécialistes comme Michael Lentrodt, président de la Fédération allemande des guides de montagne et membre de la fédération internationale (IFMGA) regrettent que l’ascension ne devienne qu’une attraction touristique où l’importante somme d’argent investie entraîne des risques pour les grimpeurs, tandis que l’empreinte est négative pour la planète.
