Que celui qui n’a pas pratiqué le vice des titres accrocheurs sur le Web nous jette la première pierre (et OK, nous nous attendons à en recevoir quelques-unes) mais, saviez-vous que certains mettaient en pratique cette tendance de l’an 2000 au profit… de la littérature ?
C’est une idée de génie : la bibliothèque américaine « The Wild Detectives », fatiguée de voir ses plus grands classiques délaissés par les plus jeunes, (et les moins jeunes) s’est mise au goût du jour.
Redonner l’appétit de la lecture à ceux qui, obnubilés par leurs écrans, en oublient de lire ? Très simple, elle changera les titres des plus grands romans publiés entre 1532 et 1945… par des titres racoleurs.
Habituée des incitations alternatives, la bibliothèque installée dans les quartiers de Dallas, n'en était pas à son coup d'essai : elle avait déjà organisé des soirées littéraires arrosées (car comment Hemingway serait devenu Hemingway sans ses sorties nocturnes alcoolisées ?), elle avait encouragé ses clients à parler à des étrangers (et leur offrir un verre pour leur ouverture d’esprit !) ou tout simplement, s'était engagée à payer ses tournées à la condition que ses visiteurs passent la commande d'un livre. (On se passera cependant de leur projet (horrifique, on l’entend) de couper l’accès au Wifi tous les week-ends.)
Lorsqu’une librairie américaine, emprunte de militantisme, décide de remédier au fléau du XXIe siècle, ça donne ça (et c’est génial) :
Roméo et Juliette (William Shakespeare, 1597) : « Une ado pousse son petit ami au suicide »
Frankenstein (Mary Shelley, 1922) : « Un médecin allemand devient le premier homme à effectuer une transplantation corporelle entière »
Le portrait de Dorian Grey (Oscar Wilde, 1890) : « Un jeune homme anglais trouve la mort après avoir tenté de se prendre en selfie »
La Lettre écarlate (Nathaniel Hawthorne, 1945) : « Ils stigmatisent la vie de cette femme en la traitant de fille facile »
Le Prince (Nicolas Machiavel, 1532) : « Ce politique italien donne l’air à Donald Trump d’être un saint »
Le livre de la jungle (Rudyard Kipling, 1894) : « Il retrouve l’ours avec lequel il s’était lié d’amitié lorsqu’il était enfant des années plus tard »
Le magicien d’Oz (L. Frank Baum, 1900) : « Vous ne devinerez jamais ce qu’il est arrivé à cette jeune fille originaire du Kansas après qu’une tornade a détruit sa maison »
Les voyages de Gulliver (Jonathan Swift, 1726) : « Un voyageur en solo a vécu le pire voyage de sa vie quand les habitants d’une tribu se sont mis à l’attaquer avec des excréments »
L’Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde (Robert Louis Stevenson, 1886) : « De nouvelles drogues synthétiques seraient à l’origine des comportements extrêmement violents de certains Londoniens »
Dracula (Bram Stoker, 1897) : « Ce roumain découvre des propriétés hallucinantes de l'ail, et elles vont vous donner des cauchemars »