Les deux hommes, qui nient les faits, avaient été pris la main dans le sac par des appareils photos automatiques alors qu'ils polluaient les lieux concernés. Ils encourent dix-huit mois de prison et 15 000 euros d’amende.
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Les faits se sont déroulés entre le 17 janvier et le 29 mars 2018 au cœur du Parc national des Calanques de Marseille. Deux chefs d’entreprise du BTP ont été jugés lundi 7 novembre pour avoir déversé des gravats dans un site Natura 2000 dont le terrain appartient au Consistoire Israélite de Marseille, il y a quatre ans.
Sur les images capturées par les appareils photos automatiques des lieux, on peut y voir seize rotations de camions leur appartenant déversant du gravat. De nombreux déchets comme des blocs rocheux, des blocs de béton, du carrelage, du plastique ou encore de la laine de verre avaient été trouvés quelques mois plus tôt, en décembre 2017, sur une surface de 2000 mètres carrés et sur une hauteur de huit mètres, par le Parc national des Calanques.
Mais au tribunal, les deux chefs d’entreprise ont nié les faits arguant qu’un accord verbal avec le Consistoire avait été passé pour déposer du matériel et faire stationner leurs camions en échange du nettoyage du terrain. Ainsi, ils n’auraient que déplacé les déchets et gravats qui se trouvaient déjà sur les lieux.
« On a pris ce terrain pour une déchetterie »
Exemple de déchets sur une plage, ici à Tarutao, en Thaïlande. Crédit : Utopia_88/ iStock
Un discours qui n’a pas convaincu le procureur Michel Sastre qui dénonce ce « fléau qui dénature notre région » : « Ce discours m’afflige. Vous avez ici l’archétype de patrons voyous qui pensent faire des économies en toute impunité et qui viennent se présenter comme des défenseurs de l’environnement ».
Ces seize dépôts de gravats par les camions ont représenté une importante économie pour les deux entrepreneurs, rappelle le procureur. La location et l’évacuation par camions benne étant payant en déchetterie, les deux accusés ont réalisé une économie de 24 000 euros.
Cependant, comme le rappelle une inspectrice de l’environnement du Parc national des Calanques, « après les incendies, la nature se répare, mais avec ces déversements de déchets aucune réparation n’est possible », regrette-elle. « On a pris ce terrain pour une déchetterie », a déclaré Céleste Savignac, avocate du Consistoire Israélite, qui réclame par ailleurs 4500 euros de dommages-intérêts qui correspondent à un devis de nettoyage de terrain. 2000 euros de préjudice moral ont aussi été réclamés.
Le tribunal a requis dix-huit mois de prison dont douze avec sursis et 15 000 euros d’amende. Le jugement sera rendu le 21 novembre prochain.