Dans ce pays, les salariés font appel à des agences pour les aider à démissionner

Si la démission est une pratique courante en France, ce n’est pas forcément le cas dans d’autres pays où les salariés sont plus confrontés au refus de leur employeur de les laisser partir. C’est dans cette perspective d’aider les aspirants démissionnaires que des agences spécialisées sont apparues.

Envie de quitter son travail ? C’est simple, il suffit de présenter sa démission à votre employeur. Ce qui est beaucoup moins simple, c’est d’obtenir une réponse favorable de sa part. Pourtant, en France, une entreprise accepterait généralement une démission car cela lui coûte moins cher qu’un licenciement ou qu’une rupture de contrat à l’amiable.

Cependant, le droit du travail est différent selon chaque pays et il y a des endroits où il est bien plus difficile de démissionner. C’est le cas notamment au Japon, où quitter son travail peut être un véritable parcours du combattant. Nombreux sont les salariés qui craignent la réaction de leur chef ou ont peur du refus. Au Japon, la démission est perçue comme une insulte personnelle à l’autorité.

Un salarié démissionne de son travailCrédit photo : iStock

Conscientes de la difficulté pour un salarié japonais de démissionner, des agences ont senti le filon et se sont spécialisées dans les négociations de rupture de contrats de travail selon The Guardian.

Démissionner, un parcours du combattant au Japon

Au total, ce sont une centaine d’agences qui proposent un service de démission par procuration au Japon. Parmi elles, il y a l’agence Momuri (qui signifie “Ça suffit”, en japonais) qui déclare avoir géré 20 000 démissions et fait 350 000 consultations en ligne en seulement deux ans et demi :

“Nous soumettons des démissions au nom de personnes qui, pour une raison ou une autre, ne peuvent pas le faire elles-mêmes”

Généralement, leurs clients sont des salariés réticents à l’idée d’avoir une discussion difficile avec leur patron, par pudeur ou par peur. Certains évoluent aussi dans des environnements professionnels toxiques et peuvent être victimes de harcèlement, les empêchant de partir dans une confrontation qui leur serait encore plus préjudiciable au quotidien. Auprès du Guardian, un Japonais de 25 ans a expliqué ce qui l’a poussé à solliciter les services d’une agence :

“Le travail était beaucoup plus exigeant physiquement que ce qu’on m’avait dit, alors j’ai décidé de démissionner. Mais quand j’en ai parlé à mon responsable, il m’a fait remarquer que j’avais signé un contrat d’un an et que je n’étais pas là depuis longtemps, alors il a refusé de me laisser partir”.

Une salariée démissionne de son travailCrédit photo : iStock

Un service qui coûte entre 75 et 200 euros

Comment fonctionne concrètement le processus d’une agence pour aider un employé à démissionner ? En pratique, les clients doivent répondre à un questionnaire en ligne, signer un contrat et s'acquitter d’une somme. Celle-ci peut aller de 75 à 200 euros, en fonction du type de contrat. En contrepartie, l’agence négocie la démission au nom du salarié.

En se retrouvant face à un représentant de l’agence, la plupart des employeurs acceptent et signent les papiers de démission, même si parfois certains “deviennent fous et menacent de se présenter” au bureau de l’agence.

Des Japonais à TokyoCrédit photo : iStock

Selon Mynavi, une société spécialisée dans les ressources humaines, un travailleur japonais sur six a déjà fait appel à ce type d’agences au cours des douze derniers mois précédant le mois de juin. Le pic se situe surtout au niveau des jours fériés, des week-end et des journées pluvieuses.

La majorité des clients des agences sont issus de la génération Z, plus attachés à leur vie personnelle que leurs aînés. Chez Momuri, 60% des utilisateurs sont âgés entre 20 et 30 ans. Cependant, la pratique commence à séduire aussi les plus de 40 ans qui se sont de plus en plus nombreux à solliciter les services de ces agences.

Source : The Guardian
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