L'ex-journaliste Charles Biétry s'est livré sur la maladie de Charcot dont il souffre depuis plus de deux ans. Un témoignage rare et bouleversant.
Les mots sont fort et émouvants !
L'ancien journaliste sportif Charles Biétry, atteint de la maladie de Charcot, a accepté d'évoquer ses souffrances, dans l'émission « Sept à Huit ». Se sachant condamné, l'ex-patron des sports de Canal + a livré un témoignage bouleversant, tout en réclamant « un sursaut de nos gouvernants » sur la fin de vie.
N'ayant plus la capacité de parler, il a pu répondre aux questions d'Audrey Crespo-Mara, grâce à une intelligence artificielle qui a reconstitué sa voix. Diffusé ce dimanche 26 janvier, l'entretien a profondément ému la toile.
Charles Biétry n'a plus que « quelques semaines ou quelques mois » à vivre
C'est depuis sa maison bretonne de Carnac (Morbihan) que Charles Biétry, épaulé par sa femme, a témoigné face aux caméras de TF1. Affaibli et amaigri, l'ex-journaliste, aujourd'hui âgé de 81 ans, a perdu l'usage de la parole et peine à tenir debout. Soutenu par des béquilles et nourrit, le plus souvent, par une sonde abdominale, il a accepté de raconter sa maladie, avec courage et dignité.
« Les mots sont dans ma tête, mais je ne peux pas les faire sortir ». C'est par cette formule, lourde de sens, que Charles Biétry décrit d'abord son quotidien.
Témoignage bouleversant du grand journaliste @charlesbietry, 81 ans, atteint de la maladie de Charcot. C'était il y a quelques minutes dans @7a8 sur @TF1 au micro d'@audrey_crespo. Il n'a plus l'usage de sa voix et c'est une IA saisissante qui parle pour lui.
— Dominique Schelcher (@schelcher) January 26, 2025
Depuis le premier… pic.twitter.com/WSlW4gyHqx
« Ce Charcot est costaud, il attaque de toute part et il tue. La maladie me donne rendez-vous avec la mort (...) Je suis en guerre. Je sais que je vais perdre un jour, mais pour ceux qui m’entourent, je dois me battre. Les Bretons sont un peuple qui n’abandonne jamais » (Charles Biétry)
Diagnostiqué au CHU de Bordeaux (Gironde), en 2022, Charles Biétry avait accueilli avec beaucoup d'espoir le projet de loi de l'aide à mourir au printemps 2024. Comme bon nombre de personnes vivant une situation similaire, il souhaitait en effet pouvoir choisir d'un digne fin de vie.
« C’est déjà dur de mourir, mais alors mal mourir, c’est la double peine (...) souffrir au fond d’un lit d’hôpital, étouffer, ne plus avoir le moindre échange avec ceux qu’on aime et qui ont mal de vous voir espérer la mort tout en sachant qu’il n’y a pas d’issue, c’est dur » (Charles Biétry)
Hélas, les tergiversations parlementaires et la dissolution de l'Assemblée nationale l'ont rapidement convaincu que les débats n'allaient pas être simples.
« Quand on entend sur les plateaux de télévision celles et ceux qui militent contre nous qui voulons partir dans la dignité ou tout simplement choisir en toute liberté, c’est abject. Une loi donnera de la sérénité dans la liberté », affirme ainsi l'octogénaire, qui aimerait par ailleurs aider la recherche.
Et d'ajouter : « J’attends que les députés votent cette loi à l’unanimité et que je puisse attendre la mort tranquillement sans être un boulet pour les miens ».
Crédit photo : capture d'écran / TF1
Charles Biétry - qui prend un traitement non autorisé en France - aimerait que la situation se décante rapidement, car il préférerait ne pas aller finir sa vie en Suisse, où le suicide assisté demeure légal.
« Aller me suicider en Suisse n’est pas le rêve de ma fin de vie. Des médecins inconnus, avaler moi-même l’ultime cachet et savoir que ma femme et mes deux enfants vont rentrer en France avec l’urne funéraire dans le coffre… Plus j’y pense, moins j’ai envie » (Charles Biétry)
Celui qui fut également président du PSG, en 1998, admet toutefois qu'il a déjà fait les démarches nécessaires pour se rendre chez les Helvètes. Une précaution au cas où la France ne légifèrerait pas sur le sujet.
« Si en France les conditions ne sont pas réunies pour une mort douce et à peu près calme, j’irai. Tous les papiers sont signés, le cercle de famille est d’accord » (Charles Biétry)
Déterminé, Charles Biétry accepte son sort, mais garde toujours le sourire malgré les circonstances. Une résilience admirable.
Et l'intéressé de conclure, non sans humour : « On rira jusqu’au bout ».