Une équipe d'archéologues a récemment découvert ce qui pourrait être l’œuvre la plus ancienne de la planète. Il s’agit d’une collection d'empreintes de mains et de pieds faites par des enfants hominidés il y a environ 226 000 ans. En étudiant les empreintes, les archéologues ont conclu qu'elles n'avaient pas été créées par inadvertance mais bien à dessein.
Crédit : Science Bulletin
L'art pariétal, terme générique désignant différents types d'œuvres préhistoriques, notamment les peintures rupestres, les gravures sur roche et les sculptures, nous permet de voir le monde à travers les yeux de nos ancêtres. Les traces créatives de leur existence ne se sont pas fossilisées par hasard, comme les habitants de Pompéi, dont les bâtiments et les corps ont été figés par les cendres du Vésuve. Cet art ancien a été laissé derrière lui, vraisemblablement pour que les générations futures puissent le voir.
Communément appelé « art pariétal », ce dernier aide les scientifiques à mieux comprendre l'évolution de notre espèce et à déterminer sa position dans l'arbre généalogique des hominines. Une fois que nos ancêtres ont acquis des pouces opposables qui leur ont permis de manipuler des outils, la création d'art a été l'une des étapes majeures suivantes de notre évolution et de notre développement culturel. Mais, fait intéressant, les premiers humains n'étaient pas la seule espèce d'homininés à agir de la sorte.
Crédit : Science Bulletin
En 2018, des archéologues espagnols ont déterré une peinture qui s'est avérée avoir été réalisée par un Néandertalien. La peinture, colorée en rouge et en partie en forme d'échelle, a été trouvée près d'une grotte en Espagne. Datée à 64 000 ans, elle a brièvement régné comme la plus ancienne pièce d'art rupestre jamais découverte. Jusqu'à aujourd'hui. En effet, fin septembre dernier, une équipe de chercheurs chinois a découvert une œuvre d'art rupestre dont l'âge est estimé entre 169 000 et 226 000 ans, soit bien avant l'artiste néandertalien. L'œuvre a été découverte au cœur des montagnes du Tibet.
L'œuvre d'art, une série d'empreintes de mains et de pieds délibérément disposées, a été récupérée dans une source chaude à Quesang, un village situé sur le plateau tibétain à une altitude de 4 269 mètres, bien loin des formations d'Espagne et de France, où l'on trouve la plupart des œuvres d'art préhistoriques. Ces empreintes constituent la plus ancienne preuve de peuplement humain sur le plateau tibétain. Elles avaient été repérées pour la première fois par un habitant de la région dans les années 1980, mais n’avaient pas été fouillées et analysées avant 2021.
Crédit : Science Bulletin
Des empreintes d'enfant historiques
En se basant sur la taille et la forme des empreintes, les chercheurs ont déduit qu'elles ne pouvaient pas avoir été faites par des adultes, ce qui en fait l'une des rares pièces d'art pariétal qui aurait été réalisée par des enfants. « Cette découverte remarquable s'ajoute à l'ensemble des recherches qui identifient les enfants comme certains des premiers artistes du genre Homo » ont écrit les archéologues dans un article publié dans la prestigieuse revue Science Bulletin, faisant allusion aux précédentes découvertes d'art enfantin préhistorique, comme celles trouvées en Dordogne.
Les empreintes n'ont pas été immédiatement reconnues comme de l'art. Les chercheurs ont d'abord dû déterminer si les marques avaient été faites intentionnellement. Pour ce faire, ils ont comparé les empreintes tibétaines à des traces de pas provenant d'Italie et produites par de simples pas. En examinant la forme des empreintes de mains et de pieds, la pression qui avait été exercée sur ces membres et les motifs dans lesquels ils étaient disposés, les chercheurs ont déterminé que leurs découvertes tibétaines étaient bien la création délibérée d'un artiste préhistorique.
Crédit : Science Bulletin
Crédit : Science Bulletin
L'œuvre d'art, que les chercheurs ont appelée «panneau», se compose de quatre empreintes de pied droit, d'une empreinte de pied gauche superposée et de cinq empreintes de main. En moyenne, les empreintes de pied mesurent environ 192,26 millimètres de long. En comparant la forme et la taille des empreintes à celles d'empreintes modernes et préhistoriques, les chercheurs ont déterminé qu'elles appartenaient à un enfant d'environ huit ans. Deux des empreintes ont une forme différente des autres et les chercheurs expliquent cette variation par le fait que l'enfant ait courbé les orteils en marchant ou que les empreintes aient été modifiées ultérieurement.
Impressionnant, n’est-ce pas ?