Alors que le Mondial de foot au Qatar débute dans deux jours, on se demande si la compétition n’est pas un fiasco avant l’heure.
Ce dimanche 20 novembre marquera le début, à une période inhabituelle, de ce qui s’annonce d’ores et déjà comme la Coupe du monde de football la plus controversée de l’histoire, au Qatar.
Un statut peu flatteur que seul le Mondial de 1978, organisé sous la terrible dictature argentine, pourrait peut-être contester au petit émirat du Golfe.
Avant même d’avoir commencé, cette édition 2022 jouit en effet d’une image terrible pour ne pas dire désastreuse. En cause, les multiples polémiques qui entourent la tenue de l’événement.
Au-delà des droits humains et de l’aberration écologique - laquelle reste à nuancer car les fameuses enceintes climatisées, régulièrement pointées du doigt, ne seront, en théorie, d’aucune utilité en hiver où les températures oscillent entre 23 ° et 30 °-, c’est avant tout le scandale humanitaire, lié au traitement des ouvriers ayant bâti les stades, qui suscite l’indignation générale.
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Qatar 2022, le fiasco annoncé ?
Selon les chiffres avancés par une enquête du Guardian, au moins 6 500 ouvriers - pour la plupart originaires d’Inde, du Bangladesh, du Népal, du Sri Lanka, du Pakistan, mais aussi du Qatar - auraient ainsi perdu la vie sur les chantiers du Mondial, entre 2010 et 2020.
Ce bilan dramatique, bien évidemment contesté par les organisateurs et la FIFA, serait même très en deçà de la réalité selon le quotidien britannique, qui n’hésite pas à parler d’esclavage.
Au milieu de ce contexte délicat rythmé par les appels au boycott - qui ressemblent davantage à une posture qu’à une réelle conviction -, les amateurs de ballon rond se retrouvent un peu le « cul entre deux chaises », sommés de se positionner sur le sujet.
Une injonction plutôt injuste et pourtant, force est de constater que bon nombre de supporteurs, sans envisager de ne pas assister à la compétition, s’interrogent et se montrent désabusés.
Un sentiment palpable, d’autant que le Qatar, vers lequel sont tournés les regards du monde entier, s’évertue à montrer qu’il est seul maître à bord.
Dernier exemple en date : les autorités ont finalement décidé d’interdire la vente d’alcool aux abords et à l’intérieur des stades, contrairement à ce que les organisateurs avaient promis au préalable.
Selon le Times, c’est la famille royale régnant sur l’émirat qui aurait fait pression sur la FIFA pour obtenir gain de cause dans cet épineux dossier.
Si cette décision ne surprend pas outre mesure, dans un pays où la consommation de boissons alcoolisées est officiellement interdite, elle démontre néanmoins à quel point cette compétition demeure un objet de crispations.
La mesure apparaît néanmoins comme une posture quand on sait qu’il est possible en réalité de boire de l’alcool dans certains endroits du pays et notamment quelques hôtels, comme l’a récemment rappelé le journaliste Laurent Luyat sur l’Équipe 21. Les touristes peuvent d’ailleurs en témoigner.
C’est d’autant plus hypocrite que les fans pourront quand même consommer de l’alcool dans les fans zone de Doha entre 19h et 1h du matin (moyennant 14 euros le demi-litre de bière).
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Du pain et des jeux
Alors comment interpréter ce revirement ? Ne s’agit-il pas en réalité d’une manœuvre pour éviter le moindre débordement aux abords des stades et s’éviter ainsi une mauvaise publicité à l’internationale ?
La question mérite d’être posée car le Qatar sait qu’il n’a pas le droit à l’erreur et nul doute que l’émirat a mis le paquet sur l’organisation pour que cette Coupe du monde reste dans les annales, au moins sur l’aspect « carte postale ». Des affrontements entre supporteurs alcoolisés, comme on a pu en voir lors de l’Euro 2016 en France, viendraient donc ternir ce beau tableau.
Doha veut que tout soit parfait mais aussi festif et ce ne sont pas les vidéos virales de ces étonnants supporteurs indiens - lesquels auraient été payés selon certaines rumeurs - qui viendront contrebalancer cette idée.
Il ont quand même payé des gens à faire mes faux supporter mdrr https://t.co/213ScMDAnS
— ???? (@Davend22) November 16, 2022
Les détracteurs de la compétition, à l’image d’Éric Cantona, s’accordent à dire que l’attribution du Mondial au Qatar fut une erreur car ce n’est pas un pays de football.
L’argument se tient, mais il était aussi valable pour les États-Unis en 1994, à ceci près que les organisateurs qatariens ont dû construire d’énormes infrastructures (notamment 7 stades sur les 8 qui accueillent la compétition) puisqu’il n’en existait quasiment aucune.
Un chantier titanesque qui aurait coûté la bagatelle de 200 milliards de dollars, selon certaines estimations.
Une manière pour le petit émirat de montrer au monde que rien ne peut lui résister, fidèle à sa stratégie de soft-power.
Ce Mondial sera-t-il un fiasco ? Difficile à dire mais une chose est sûre, le Qatar fait tout pour que l’on oublie les polémiques, à coups de millions et de magnificence. Du pain et des jeux, comme dirait l’autre…
Le pays se sait observé et il n’entend pas rater cette occasion de prouver au monde sa toute-puissance économique, quitte à reléguer le terrain et les scandales au second plan.
Faut-il boycotter ce Mondial polémique ? Peut-être, mais n’oublions jamais qu’en 2018 lorsque nos Bleus ont remporté leur deuxième Coupe du monde chez Vladimir Poutine, la question ne s’est jamais posée.
Or le président russe n’est pas ce que l’on appelle un exemple en matière de droits humains ou de discriminations et il faut se rappeler que l’intéressé avait déjà envahi l’Ukraine, Il y a 4 ans.
Chacun se fera son avis.