Just Fontaine, légende des Bleus et meilleur buteur du Mondial 1958, est décédé à l'âge de 89 ans

Le football français est en deuil. L’ancien attaquant des Bleus Just Fontaine, recordman de buts sur une seule édition de Coupe du monde, est décédé à l’âge de 89 ans.

Il était l’un des monuments de l’histoire du football français !

Just Fontaine, légende du Stade de Reims et de l’équipe de France, a rendu son dernier souffle ce mercredi 1er mars à Toulouse, à l’âge de 89 ans. C’est le journaliste Jacques Vendroux qui a annoncé la triste nouvelle sur Twitter.

L’ancien attaquant, dont le principal fait d’armes fut d’avoir inscrit 13 buts lors de la Coupe du monde 1958 en Suède (un record qui tient toujours), laisse derrière lui le souvenir d’un buteur prolifique qui aura marqué son époque.

Just Fontaine, héros du Mondial 1958, est décédé

Né le 18 août 1933 au Maroc, alors protectorat français, Just Fontaine débute chez les professionnels à l’âge de 17 ans au sein du club de l’US Marocaine.

Très vite, il se fait remarquer pour ses qualités de finisseur qui seront sa marque de fabrique tout au long de sa carrière. En trois saisons au club basé à Casablanca, il inscrit officiellement la bagatelle de 62 buts en… 48 matches. Un ratio impressionnant et des performances qui ne passent pas inaperçus.

En 1953, à l’âge de 20 ans, il est ainsi repéré par un recruteur de l’OGC Nice qui le fait venir en métropole. Sur la Côte d’Azur, « Justo », comme le surnomment affectueusement ses coéquipiers, marque 18 buts en championnat de France de Division 1 dès sa première saison.

Entretemps, il est régulièrement appelé en équipe de France militaire, dont il est le capitaine, dans le cadre de son service effectué au sein du célèbre bataillon de Joinville.

Il débute chez les A le 17 décembre 1953 contre le Luxembourg (8-0) et inscrit un triplé à l’occasion de cette première sélection. Le premier d’une longue série.

Avec son club niçois, il empile les buts et décroche une coupe nationale en 1954, puis le titre de champion de France en 1956. Cette même année, il décide de quitter l’OGC Nice sur un bilan flatteur de 52 buts en 83 matches.

Il s’engage alors avec le Stade de Reims, meilleure équipe française de l’époque et récente finaliste de la première Coupe d’Europe des clubs champions.

Recruté pour remplacer la star Raymond Kopa, transférée au Real Madrid, Just Fontaine ne tarde pas à confirmer tous les espoirs placés en lui, marquant 30 buts en 31 matches pour sa première saison.

Il confirme lors de l’exercice suivant, à l’issue duquel il termine meilleur buteur du championnat avec 34 buts en seulement 26 matches.

Cette saison 1957/1958 du Stade de Reims est époustouflante puisque le club champenois, emmené par le trio Fontaine-Bliard-Piantoni (auteur de 66 des 89 buts de l’équipe) réalise un triplé historique en gagnant le Championnat, la coupe de France et le challenge des champions.

Curieusement, malgré sa réputation de finisseur hors pair, Just Fontaine ne joue pas ou très peu en équipe de France, où il est très souvent barré par son coéquipier rémois René Bliard ou encore son rival Thadée Cisowski, le redoutable avant-centre du RC Paris.

Ainsi, c’est depuis le banc de touche qu’il observe ses partenaires se qualifier pour la Coupe du monde 1958, ne jouant aucun des matches du tour préliminaire de qualification.

Mais son heure va venir !

Organisé en Suède, le Mondial 1958 sera en effet son chef-d’œuvre.

Crédit photo : DR

Dans la légende de la Coup du monde

Retenu dans la liste des 22 joueurs appelés à disputer la compétition, il aborde pourtant le tournoi dans la peau d’un remplaçant. Mais la blessure de l’habituel titulaire en attaque René Bliard, victime d’une vilaine entorse à la cheville à l’entraînement, convainc l’entraîneur Albert Batteux de lui confier le poste d’avant-centre. Ce dernier ne le regrettera pas.

Fontaine va en effet réaliser un tournoi de rêve. Il marque à chaque match et inscrit au total 13 buts… en 6 rencontres. Un record absolu sur une seule et même édition de Coupe du monde.

Aux côtés notamment de Raymond Kopa, de Maryan Wisniewski et de Roger Piantoni, l’attaquant rémois emmène ainsi l’équipe de France jusque dans le dernier carré. Les tricolores ne céderont que face au Brésil du tout jeune Pelé (17 ans) lors d’une demi-finale épique (2-5) marquée par la grave blessure du capitaine français Robert Jonquet, contraint de laisser ses partenaires finir à 10 (les remplacements n’étaient pas autorisés à l’époque).

Les Bleus achèvent toutefois leur tournoi sur une bonne note, remportant la petite finale pour la troisième place en atomisant la RFA (6-3). Fontaine inscrit un quadruplé lors de ce match, portant son total à 13 réalisations. Avec ce record, il termine bien évidemment meilleur buteur du Mondial, loin devant Pelé (Brésil) et Helmut Rahn (RFA), 6 buts chacun. En fin d’année, Fontaine est récompensé par une troisième place au prestigieux Ballon d’or.

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C’est donc en tant que vedette internationale du ballon rond qu’il retourne dans son club de Reims à l’été 58. La saison qui va suivre sera, pour lui, celle de la confirmation de ce nouveau statut.

Si Fontaine et Reims échouent dans leur quête d’un nouveau titre en D1, ils vont néanmoins réaliser une formidable épopée en Coupe d’Europe des clubs champions atteignant la finale, perdue face au Real Madrid (0-2).

Malgré cette défaite face à l’ogre madrilène, Fontaine démontre une nouvelle fois qu’il est bien l’un des tout meilleurs attaquants au monde en finissant meilleur buteur de la compétition avec 10 buts, dont un quadruplé et un triplé.

Il est alors à l’apogée de sa carrière ! La suite ne sera hélas qu’une longue succession de coups durs.

S’il est de nouveau champion de France en 1960, inscrivant au passage 28 buts en 28 matches de championnat (avec à la clé un nouveau titre de meilleur buteur), il connaît en effet un sévère coup d’arrêt en mars, victime d’une double fracture de la jambe qui l’éloigne des terrains pendant très longtemps. De retour, il se blesse de nouveau gravement en janvier 1961 et doit finalement mettre un terme prématuré à sa carrière en juillet 1962, trahi par son corps, alors qu’il n’a pas 30 ans.

L’aventure s’achève donc brutalement, mais le nom de Just Fontaine restera à jamais gravé dans les mémoires du foot français.

Il demeure à ce jour le meilleur buteur de l’histoire du Stade de Reims avec 145 buts en 152 matches. Avec les Bleus, son bilan de 30 buts en… 21 sélections défie la logique. Il figure d’ailleurs toujours dans le top 10 (au 9e rang) des meilleurs buteurs de l’histoire de l’équipe de France (à égalité avec Jean-Pierre Papin) et détient le meilleur ratio de tous les temps (1,43 but / match).

Au total Just Fontaine aura inscrit 289 buts en 305 matches officiels (clubs et sélection), toutes compétitions confondues. Un chiffre colossal quand on sait qu’il a dû prendre sa retraite sportive à l’aube de la trentaine.

Une fois sa carrière achevée, il deviendra entraîneur et même un éphémère sélectionneur de l’équipe de France (2 matches) sans toutefois connaître de succès notoire.

On retiendra tout de même qu’il permit au Paris-Saint-Germain - qu’il dirigea de 1973 à 1976 - d’accéder à l’élite en 1974. Cette montée en Division 1 sera obtenue lors d’une rencontre décisive contre Valenciennes durant laquelle Just Fontaine sera victime d’un malaise, submergé par l’émotion.

Quelques années plus tard à l’occasion du Mondial 1978 en Argentine, il sera consultant de luxe pour la télévision, commentant les matches avec Michel Drucker et Pierre Cangioni.

Par la suite, il deviendra gérant de plusieurs boutiques de sport dans la région de Toulouse, où il a longtemps vécu.

Ces dernières années, Just Fontaine se faisait discret, ce qui n’empêchait pas les médias de se rappeler à son bon souvenir à chaque Coupe du monde, tous les 4 ans, en l’interrogeant sur son formidable record de 1958 qu’il évoquait avec plaisir et non sans une certaine fierté.

Marié depuis plus de 60 ans, Just Fontaine était père de deux enfants.

Avec son décès, il ne reste désormais plus que 3 rescapés de la glorieuse équipe de France de 1958 : le gardien Dominique Colonna (94 ans), le défenseur Robert Mouynet (92 ANS) et le milieu Bernard Chiarelli (88 ans).


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Au sujet de l'auteur :

Évoluant dans la presse web depuis l’époque où celle-ci n’en était encore qu’à ses balbutiements, Mathieu est un journaliste autodidacte et l’un de nos principaux rédacteurs. Naviguant entre les news généralistes et les contenus plus décalés, sa plume s’efforce d’innover dans la forme sans jamais sacrifier le fond. Au-delà de l’actualité, son travail s’intéresse autant à l’histoire qu’aux questions environnementales et témoigne d’une certaine sensibilité à la cause animale.