Un lac près de Chamonix bondé de monde, les gorges du Verdon noyées par 200 embarcations, un champ de tournesols pris d’assaut par les touristes…. Les clichés de cette jeune photographe sont de parfaits exemples qui mettent en scène le surtourisme.
Crédit : natachademahieu/ Instagram
« Theatre of Authenticity », c’est ainsi que la photographe belge, Natacha de Mahieu a choisi d’intituler sa série de photos. Ce théâtre de la réalité que l’artiste de 26 ans s’efforce à montrer est le surtourisme des lieux de voyage partout en Europe.
De la France à l’Allemagne jusqu’à la Turquie, la jeune photographe s’est rendue dans les sites naturels populaires du vieux continent, dictée par la popularité du nombre de géolocalisations sur Instagram.
Pour chaque site naturel populaire répertorié en nombre sur sa propre page de géolocalisation Instagram, Natacha de Mahieu s’est rendue compte de l’uniformité des clichés présents : en général, une personne sur les lieux d’un sublime décor qui semble dénué de touristes. Un constat faux qu’a rapidement aperçu la photographe sur ces lieux.
Crédit : natachademahieu/ Instagram
« C’est typiquement le genre d’endroit où tu as l’impression d’être seul. Tu ne ressens pas la surfréquentation du site quand tu y es. Tu ne la ressens pas non plus quand tu regardes les réseaux sociaux. Tout le monde s’affiche seul », cite-t-elle en prenant pour exemple le lac Blanc de Chamonix, pour France Culture, à qui l’on doit l’interview.
« On est plus là pour faire la photo qui tue que vraiment pour vivre l’expérience »
Crédit : natachademahieu/ Instagram
Natacha de Mahieu a attrapé le virus de la photographie après un voyage en Amérique du Sud. Elle a ensuite poursuivi des études en photographie documentaire pour lesquelles elle présente les clichés de « Theatre of Authenticity ».
Sur les lieux naturels prisés par les touristes, Natacha de Mahieu a posé son appareil photo. En restant 20 minutes ou plus dans la même position et sur le même cadrage, la photographe a pris, à plusieurs intervalles, des clichés du lieu lorsque les touristes approchaient. La jeune femme a ensuite surperposé tous ses clichés afin de montrer le nombre de personnes qui foulaient le lieu en un laps de temps donné. Le résultat contraste pour ainsi dire énormément avec les photos Instagram qui montrent un décor désert et sauvage. En effet, sur les cadrages superposés de Natacha, on voit des lieux assaillis par les touristes. Ce qu’elle appelle un « tourisme de masse invisible » car éparpillé dans le temps.
Crédit : natachademahieu/ Instagram
Des endroits magnifiques prisés par les touristes dont le but est de réaliser des photos à destination d’Instagram plutôt que de découvrir les lieux. « Toute notre expérience de voyage est transformée, parce que parfois, j’ai l’impression qu’on est plus là pour faire la photo qui tue que vraiment pour vivre l’expérience, pour regarder avec nos yeux plutôt qu’à l’écran ce qu’on voit », analyse toujours Natacha de Mahieu pour France Culture.
Dénoncer le diktat des ‘j’aimes’, des clichés esthétiques et la popularité Instagram qui, pour des raisons superficielles, impactent notre environnement, telle est la démarche de la jeune photographe qui utilise la géolocalisation fictive créée par WWF « I protect nature » pour préserver les lieux naturels du tourisme de masse.
Crédit : natachademahieu/ Instagram