Dans un sondage révélé cette semaine par les médias nationaux dont le Huffington Post, 27% des Français pensent que les victimes de viol sont plus responsables de leur sort que leurs agresseurs, si elles portent une tenue sexy. Un résultat surprenant qui relance le débat sur le manque d’éducation concernant cet acte ignoble…
Ce mercredi, l’association « Mémoire Traumatique et Victimologie » a révélé les résultats d’une enquête réalisée par l’institut IPSOS concernant les représentations du viol et des violences sexuelles chez les Français. Il faut savoir que, chaque jour, ce sont 33 plaintes qui sont enregistrées en France, preuve que le viol est une pratique qui s’est malheureusement « banalisée ».
Inévitablement, cette enquête a notamment démontré que les Français portaient un jugement bien souvent laxiste sur l’acte du viol en lui-même. Entre stéréotypes sexistes et la responsabilité des victimes, la question de la « culture du viol » en France a le mérite aujourd’hui de nous remettre en question.
D’après l’étude, deux tiers des personnes interrogées estiment que les hommes ont une sexualité plus « simple » que les femmes, et qu’il leur est alors plus difficile de maîtriser leur désir. Au contraire, les femmes sont considérées comme « plus sensibles » que les hommes.
Ainsi, ce sont 76% des Français qui pensent que « les femmes ont plus tendance à considérer comme violents des événements que les hommes ne perçoivent pas comme tels ». Par ailleurs, 42% considèrent que les femmes sont moins rationnelles, et 25% trouvent qu’elles sont moins sûres de ce qu’elles veulent que les hommes.
Face à ces résultats, les auteurs de l’enquête expliquent : « Cette croyance peut avoir des effets dévastateurs. Donner du crédit à ce type d’assertion revient à considérer que les femmes sont incapables de décider pour elles-mêmes et ont besoin des hommes pour comprendre quels sont leurs vrais désirs. C’est leur dénier la faculté de décider de consentir ou non à un rapport sexuel. »
La femme, victime de sa féminité ?
D’après cette enquête, aujourd’hui en France, le viol est devenu « banal ». Et il n’y a qu’à voir les résultats de l’étude pour s’en rendre compte. La culture du viol est tout simplement ancrée dans les mentalités.
Par exemple, 19% des personnes interrogées considèrent que beaucoup de femmes qui disent « non » à une proposition de relation sexuelle veulent en fait dire « oui ». Autre chiffre alarmant : 21% des personnes sondées (dont un tiers des jeunes de 18 à 24 ans) estiment que les femmes peuvent prendre du plaisir à être forcées lors d'une relation sexuelle.
Ainsi, dans la plupart des cas, les victimes sont mises en cause à la place de leur agresseur. En effet, 40% des sondés estiment que la responsabilité du violeur est nuancée si la victime a eu une attitude provocante en public. Si la victime portait une tenue sexy, 27% des Français pensent qu’elle est plus responsable de son sort. Enfin, 41% soutiennent l’idée qu’une victime peut faire fuir son agresseur si elle se défend vraiment…
La « culture du viol », ses mythes et ses représentations
Selon le Code Pénal, un viol est défini par « tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte, menace ou surprises ».
Cependant, 24% des personnes interrogées pensent qu’une fellation forcée ou un acte de pénétration avec le doigt ne sont pas des viols. En d’autres termes, une personne sur quatre ne connaît pas la loi et ne sait pas ce qu’est exactement un viol…
Par ailleurs, 44% ont tendance à penser que l’agresseur est forcément un inconnu tandis que 17% estiment que forcer sa conjointe à avoir un rapport sexuel n’est pas un viol. En réalité, dans 90% des cas, la victime connaît son agresseur.
Malgré ces résultats assez terrifiants, les auteurs de l’enquête reconnaissent que les mentalités évoluent puisque 95% des Français estiment que les violences sexuelles ont de graves conséquences sur la santé des victimes. Le reconnaître, c’est déjà une première étape…
Seulement voilà, pour les auteurs de l’enquête, ces chiffres montrent surtout que « la culture du viol, ainsi que les mythes et les fausses représentations qu’elle véhicule, semble malheureusement avoir de beaux jours devant elle. ». Pas vraiment rassurant tout ça !