L'empathie, l'écoute réciproque, la compréhension et l'acceptation de ses propres émotions: autant de notions qui, lorsqu'elles sont introduites dès l'école primaire, pourraient bien changer totalement la vie des enfants. À Trappes (Yvelines), c'est en tout cas une méthode qui est en train d'être expérimentée, dans une école classée zone d’éducation prioritaire (ZEP)... Et pour le moment, les résultats sont prometteurs bien au-delà de toutes les espérances !
Dans cette école située dans un quartier populaire, les enfants sont statistiquement plus exposés qu'ailleurs aux difficultés familiales et scolaires. C'est dans ce type de territoire que l'éducation nationale montre parfois ses limites, et où les équipes éducatives sont confrontées aux plus gros défis.
Pourtant, depuis que ce système pédagogique fondé sur la pratique quotidienne de l'empathie, sur la collaboration, l'écoute et l'entraide a été mis en place, les élèves se montrent beaucoup plus calmes, concentrés, et plus heureux de manière générale. Le nombre de disputes et d'incivilités a, lui, baissé de manière très notable. Un récent reportage sur cette « éducation bienveillante », réalisé par France 3, met en lumière le travail des enseignants pour transformer leur manière de concevoir les rapports entre les élèves et reconsidérer leur approche éducative.
Comme on peut le voir dans le reportage, les élèves sont encouragés à exprimer leurs émotions, à les extérioriser, à dire tout haut ce qu'ils ressentent. Lors des dictées, ils travaillent par deux, en collaboration, et se corrigent eux-mêmes, ce qui les oblige à échanger et à construire des rapports d'entraide gagnant-gagnant, qui sont à la fois positifs pour les autres et pour eux-mêmes.
« Comme ils changent de rôle, celui qui regarde ne va jamais laisser tomber celui qui écrit parce qu’après, c’est lui qui va écrire. Ils agissent de façon à ce que tout le monde soit traité de la même manière, résume Valérie Licha, professeur des écoles. Ils vont donner le meilleur pour chacun et pour eux-mêmes. »
De même, si un conflit survient, les enfants sont encouragés à régler les problèmes par eux-mêmes, par la discussion, en se mettant à la place de l'autre afin de mieux comprendre son point de vue.
Bien souvent, on ne réalise pas tout ce que nous sommes en mesure de changer, simplement grâce à l'éducation et à la façon dont on construit une société plus juste, dès l'enfance. L'empathie, ce don qui rend chacun de nous humain et qui nous permet de comprendre l'autre, est souvent reléguée au second plan, comme un accessoire, par notre culture tournée vers le profit immédiat. Peut-être serait-il temps de la sortir du placard et de lui donner cette place centrale dans la société, qui lui revient de droit ?