Des maillots deux pièces pour défier l'obscurantisme : en réponse aux menaces et à la pression de certains groupes d'activistes islamistes sur les réseaux sociaux, 3 200 algériennes ont décidé de se rassembler afin de se baigner en bikini, pour pouvoir profiter du soleil sans craindre les insultes, les agressions et les regards désapprobateurs.
Sur les plages aux eaux limpides d'Annaba (anciennement Bône), une ville située au nord-est de l'Algérie, de jeunes militantes féministes font souffler un doux vent de liberté et de gaieté pour combattre pacifiquement les discours anti-maillots de bain qui se sont multipliés avec le ramadan et la venue de l'été.
Cette opération consiste à effectuer de grands rassemblements de maillots de bain en réaction à « l'appel à la pudeur » de plusieurs pages conservatrices, qui s'improvisent police des mœurs sur les plages algériennes.
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Lors du ramadan, qui s'est achevé le 24 juin dernier, de nombreux messages sur les réseaux sociaux ont appelé les femmes à se vêtir à la plage, et à renoncer au port du bikini au cours de ce mois sacré. Des sollicitations provenant pour la plupart de pages Facebook administrées par des activistes islamistes, qui ont pris une relative ampleur et qui ont pris par endroits des allures de véritable chasse aux sorcières.
Ainsi, certains ont invité les témoins à prendre des photos des récalcitrantes pour mieux les dénoncer publiquement. La presse locale a rapporté plusieurs cas d'agressions physiques sur des jeunes femmes algériennes refusant de se conformer aux attentes des conservateurs religieux... Et puis, toujours, les insultes et autres invectives à leur encontre.
Mes copines bonoises sont sur la place. .Ne lâchez rien, fière de ma ville. Annaba pic.twitter.com/Mg7Sa5eE7X
— MorganToMe (@Morgan2Me) 12 juillet 2017
Si le port du bikini est parfaitement autorisé par la loi algérienne, les associations algériennes de défense des droits des femmes, quant à elles, dénoncent un certain mutisme de la part des autorités face aux intimidations. Car dans les faits, si la pratique n'est pas illégale, elle n'est pas encore toujours très bien vue par certaines personnes... Et en plus de ce conservatisme bien ancré, des groupes de traditionalistes n'hésitent pas à faire pression pour forcer les femmes à se couvrir, sans compter les regards désapprobateurs, le harcèlement et les insultes, qui intimident bien des femmes.
« J'ai toujours refusé de restreindre mes libertés à cause de certains hommes, mais beaucoup de femmes n'ont pas ce 'courage' », raconte ainsi Randa, une jeune annabie de 22 ans, dans les colonnes du journal Le Matin d'Algérie. Comme 3 200 autres jeunes femmes de la région, elle a répondu présente à l'appel du bikini. Plusieurs de ces « baignades républicaines » ont déjà eu lieu : le 5, le 8 et le 13 juillet.
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