Après la Suisse, c'est au tour de la Corée du Sud d'annoncer sa volonté de se diriger à terme vers une sortie totale du nucléaire ! Moon Jae-in, le nouveau président sud-coréen, fraîchement élu le 9 mai 2017 à la suite de l'impeachment de sa prédécesseure Park Geun-hye, vient en effet de le confirmer officiellement hier, lundi 19 juin, lors d'une cérémonie marquant le démantèlement d'un premier réacteur nucléaire.
Conformément à ses promesses de campagne et aux mesures inscrites dans son programme électoral, le Pays du Matin frais va sortir progressivement de l'énergie atomique, qui constitue actuellement 30% de son mix énergétique, en substituant au maximum les réacteurs nucléaires par des sources d'énergie renouvelable.
Au cours de son discours, il a annoncé que le pays allait « entrer dans l'ère du post-nucléaire » et qu'il avait pour projet d' « abandonner tous les projets de nouveaux réacteurs actuellement en cours et [de] ne pas prolonger la vie des réacteurs actuels ».
Crédits photo : Moon Jae-in lors de sa campagne présidentielle, mai 2017, à Séoul / Shutterstock
En Corée du Sud, on dénombre actuellement 25 réacteurs nucléaires vieillissants. Une bonne partie d'entre eux sont supposés s'arrêter entre 2020 et 2030, et la décision de prolonger leur durée de vie ou d'en construire de nouveaux pour les remplacer devait être prise sous le mandat du président récemment élu. Issu du centre-gauche, Moon Jae-in avait fait de l'abandon de l'atome l'un des fers de lance de sa campagne, et cette évolution énergétique au profit du développement des sources solaires et éoliennes était l'une des mesures phares de sa campagne.
Il faut dire que le spectre de Fukushima hante encore la Corée du Sud, et que l'ampleur de la catastrophe vécue par son voisin japonais a durablement marqué l'opinion publique du pays, ce dernier étant lui aussi fréquemment frappé par des séismes du fait de sa situation géographique. Une méfiance qui s'est trouvée récemment renforcée par une série de scandales au cœur desquels se trouvait l'ex présidente conservatrice Park Geun-hye, impliquant notamment les lobbies du nucléaire, qui ont finalement conduit à sa destitution, fin 2016, au terme d'une procédure d'impeachment.
Au cours de sa campagne, Moon Jae-in s'est donc engagé à éteindre la totalité des centrales en exploitation sur une période d'une quarantaine d'années, et d'interdire dans le même temps toute construction de nouveaux réacteurs.
Crédit photo : centrale nucléaire au coucher du soleil / Shutterstock
Reste une question qui préoccupe toujours forcément un peu dans ce genre de situation : comment remplacer les réacteurs nucléaires, qui produisent encore à l'heure actuelle 30% de l'énergie sud-coréenne ?
En effet, il ne faudrait pas que l'abandon du nucléaire se fasse au détriment de la couche d'ozone, en construisant de nouvelles centrales thermiques pour remplacer les réacteurs.
Pour Moon Jae-in, pas question de revenir en arrière et de revenir à l'ère du charbon : le président a ainsi, dans le même temps, ordonné la suspension de l’exploitation de huit centrales thermiques vieilles de plus de 30 ans. Pour lui, le pays doit impérativement aujourd'hui s’appuyer sur les centrales au gaz naturel, la géothermie et les énergies renouvelables pour constituer l’essentiel de sa sécurité énergétique, tout en réduisant ses émissions de gaz à effet de serre.
C'est ainsi que Séoul veut augmenter la part des énergies renouvelables de 15 % d'ici 2030, tout en augmentant de 10% la part du gaz. Le charbon, qui représente aujourd'hui 40% de l'électricité sud-coréenne, devrait être réduit de moitié en l'espace de 15 ans.