Brésil : l'homosexualité est désormais reconnue par la justice comme une « maladie à soigner »

Si avec le temps, l’homosexualité a fini par rentrer dans les mœurs, notamment avec le mariage pour tous, la situation est encore loin d'être idéale dans toutes les régions du monde.

Au Brésil, par exemple, un virage particulièrement conservateur vient d’être pris. Alors que le gouvernement du président par intérim Michel Temer est accusé de menacer l'environnement et les droits humains par une série de mesures controversées, la justice vient d'autoriser à nouveau les professionnels de la santé à traiter l'homosexualité comme une maladie. Les thérapies de "reconversion sexuelle", interdites dans les années 1990, sont donc à nouveau légales dans le géant vert de l'Amérique Latine.

Crédit photo : Vamos Gay

En effet, la justice locale a décidé d’autoriser les psychologues à mettre en place des « thérapies de réorientation sexuelle ». Ces dernières pourront donc légalement être proposées aux homosexuels dans le but de les "convertir à l’hétérosexualité". Un choix pour le moins radical, fait par le juge Waldemar de Carvalho, qui provoque un véritable tollé au Brésil — pas difficile de comprendre pourquoi. Ceci étant dit, le magistrat a fait preuve de prudence dans la tournure de son annonce, en déclarant « qu’on ne pouvait pas empêcher les psychologues de proposer ces thérapies aux homosexuels qui le désirent. »

Sauf que dans la réalité, l'affaire est toute autre. Dans l’immense majorité des cas, ce ne sont pas les homosexuels eux-mêmes qui cherchent à consulter, mais les proches et les parents qui les poussent à aller vers ces thérapies. Problème, elles avaient été interdites en 1999 à cause de leurs effets désastreux sur la santé psychique des patients. Dans de nombreux cas, ces derniers devaient faire face à la dépression, à l’isolement et parfois même au suicide.

Heureusement, tout n’est pas encore fini ni figé. Sur ce dossier, par le biais de sa décision, le juge Waldemar de Carvalho a décidé d’aller contre les avis et les demandes du Conseil National de Psychologie, mais également de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), qui sont pourtant catégoriques. Pour rappel, dans cette institution spécialisée, l’homosexualité a été retirée de la liste des maladies en 1990. En conséquence, le Conseil National de la Psychologie, capable d’agir à l’échelle du Brésil, va faire appel de cette décision, considérant qu'elleconstitue une atteinte directe et frontale aux Droits de l’Homme.

Comme on peut aisément l’imaginer, cette envie de "faire soigner les homosexuels" divise le peuple brésilien. Entre les défenseurs des droits LGBT et les conservateurs, le torchon brûle. Du côté des pros homosexuels, on organise la résistance. Dès samedi prochain, 23 septembre, plusieurs manifestations seront organisées dans les grandes villes du pays. Une initiative largement soutenue via les réseaux sociaux, et en particulier Twitter qui vu naître le hashtag #curagay [comprenez #soignerlesgays, N.D.L.R.].

Autre épisode marquant, sur Instagram, Ivete Sangolo, une véritable star de la chanson au Brésil, a publié une photo (voir ci-dessus) où l’on peut voir des danseurs porter des drapeaux aux couleurs LGBT accompagnée du message suivant :

« C'est ça le Brésil, on essaye d'être forts, d'être optimistes, avec d'innombrables problèmes à gérer dans notre pays qu'un gouvernement un tant soit peu décent devrait avoir comme priorité, et là, on nous dit que l'homosexualité est une maladie. Les malades, c'est ceux qui croient à cette grande absurdité. Les gens, essayez de réfléchir un peu, de comprendre ce qui ne va pas chez vous, tentez de comprendre le courage et la force que les homosexuels doivent avoir au quotidien, et essayez de l'appliquer à vos vies ternes et insipides. Peut-être alors que vous serez heureux, vous aussi. »

Espérons qu’avec ses 17,3 millions d’abonnés, son coup de gueule sera entendu par le plus grand nombre. Affaire à suivre…

Source : The Guardian
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