Depuis 2006, Femme Auto est le seul garage au Sénégal à être géré par une femme. Ndèye Coumba Mboup, la patronne, a fait de sa priorité l’intégration de mécaniciennes.
« Dès le départ, j’ai voulu un garage 100% féminin pour montrer au monde entier que c’est un métier qui peut être exercé par une femme aussi bien qu’un homme », explique dans Le Monde, Ndèye Coumba Mboup.
En 2006, avec ses propres économies, elle décide d’ouvrir son propre garage dans la banlieue de Dakar. Aujourd’hui, elles sont huit femmes à travailler au sein de son entreprise, qui n’a pas encore atteint un effectif 100 % féminin. En effet, les écoles de mécanique automobile au Sénégal « ne produisent pas encore suffisamment de femmes diplômées ».
Parmi la vingtaine de salariés qu’elle emploie, elle fait régner une stricte parité entre les hommes et les femmes. Pour briser les stéréotypes, « les femmes y occupent les rôles de supervision en priorité », précise la patronne. Elle souhaite avant tout que les mécaniciens apprennent à travailler dans la tolérance et dans le respect mutuel.
Ndèye Coumba Mboup a décidé de se lancer après treize années en tant que salariée, suffoquée par le dédain de certains clients. Depuis, elle inspire de jeunes mécaniciennes, et le métier est de plus en plus ouvert d’esprit envers la gent féminine. « Elle m’a donné du courage. Elle répétait que tous les métiers étaient bons pour les femmes. Que l’essentiel était d’être digne », note son assistante technique, Fatou Mbaye.
Pourtant, la mécanique n’est pas le métier le plus facile, Ndèye se rappelle à ses débuts avoir été cassée physiquement par le poids des moteurs. Elle aurait facilement abandonné si son père ne l’avait pas soutenue. « Être avec des femmes peut être rassurant », confie Fatou Mbaye. Pour ajouter : « Même si on se fâche parfois, l’atmosphère est bonne, on se respecte et on se soutient comme une famille ».
Depuis plusieurs années, des institutions sénégalaises ont pris les choses en main pour lutter contre les stéréotypes auxquels sont confrontées les femmes actives. C’est le cas de la direction de l’entreprenariat féminin du Sénégal, qui avait lancé les taxi-sisters en 2007. Des femmes-taxis qui sillonnent Dakar, mais qui se sont parfois heurtées à des collègues masculins sceptiques. « Ce qui intéresse la plupart des gens, ce n’est ni ton âge ni ton sexe, mais la qualité du service. C’est par l’effort que nous arriverons à faire évoluer la société », conclut Ndèye Coumba Mboup.