L'archipel des Bermudes est devenu le premier pays au monde à revenir sur sa législation sur le mariage pour tous. Officiellement un territoire d'outre-mer britannique, les Bermudes ont autorisé les couples de même sexe à se marier depuis mai 207. Mais à la suite d'un récent référendum, une loi annulant la mesure a été instaurée, rendant à nouveau illégale l'union maritale pour les couples homosexuels.
Esushi
C'est un coup dur pour les défenseurs des droits LGBT aux Bermudes : alors qu'ils pensaient le mariage pour tous acquis, ce nouveau droit leur a été de nouveau enlevé, à peine 9 mois après sa mise en place. Les critiques parlent d'un « retour en arrière sans précédent en matière de droits humains ».
Pourtant, le Sénat des Bermudes a fait voter la nouvelle législation avec une confortable majorité, en décembre dernier. Et au sein du paradis fiscal, une majorité de la population a refusé le mariage homosexuel, au cours d'un référendum.
Il faut dire que dans le très conservateur archipel caribéen, qui appartient officiellement au Royaume-Uni mais qui est doté de son propre parlement bicaméral, il est parfois difficile de concilier les vues politiques d'une partie de la population, avec le respect des législations de la Cour Européenne, qui obligent les États à reconnaître l'union des couples de même sexe (les Bermudes constituent un PTOM, un pays et territoire d'outre-mer de l'Union Européenne)
Selon le Ministre des affaires domestiques Walton Brown, la nouvelle législation doit justement relever le défi de respecter la volonté de la population de ce petit ensemble d'îles, tout en assurant le respect et la protection des couples homosexuels : « Cette nouvelle loi a pour ambition de trouver le juste équilibre entre deux groupes actuellement irréconciliables aux Bermudes, en réaffirmant que le mariage doit impérativement être entre un homme et une femme, tout en reconnaissant et en protégeant dans le même temps les droits des couples de même sexe », a-t-il indiqué.
Concrètement, cela signifie que les couples homosexuels devront se limiter aux « partenariats domestiques », l'équivalent du Pacs... ce qui, évidemment, n'est pas du tout du goût des groupes de défense des droits LGBT, qui dénoncent la mise en place d'une sorte de statut de seconde classe. Ils fustigent également le caractère sans précédent de cette juridiction, qui retire aux couples gays un droit important qui leur avait été accordé.
En guise de compensation, les droits des couples unis par des partenariats domestiques seront élargis : par exemple, un partenaire aura le droit de prendre une décision médicale pour son conjoint.
Au total, une demi-douzaine de mariages de couples de même sexe ont eu lieu aux Bermudes depuis la légalisation de ces unions, en mai 2017, jusqu'à l'interdiction. Les couples homosexuels s'étant mariés au cours de ce laps de temps verront leurs unions maintenues, et pourront exceptionnellement conserver leur statut marital.