Direction le Cambodge où un projet touristique, menaçant le site d'Angkor, suscite l'inquiétude. Malgré les craintes affichées par de très nombreux experts, le gouvernement a pourtant donné son feu vert. Précisions.
Plus que jamais, le tourisme de masse représente un danger pour les trésors architecturaux que nous ont légués des civilisations aujourd’hui disparues.
Ces témoignages inestimables d’un passé révolu n’ont en effet jamais paru autant menacés que ces dernières années, avec la prolifération de projets toujours plus pharaoniques et peu soucieux de la fragilité des édifices, dont ils utilisent pourtant l’image pour attirer le plus grand nombre de personnes.
Et si l’actuelle pandémie de Covid-19 a permis une baisse de fréquentations salvatrice sur certains sites peu épargnés, comme le Machu Pichu, ceci n’est que temporaire et la folie des grandeurs devrait repartir de plus belle dans un avenir proche.
Dernier exemple en date, cet inquiétant projet de parc d’attractions qu’une société chinoise souhaite implanter à seulement 500m du complexe d’Angkor au Cambodge, pourtant classé au patrimoine mondial de l’Unesco.
Crédit : Pixabay
Les temples d'Angkor menacés par un projet touristique de parc aquatique
Baptisé « Angkor Lake of Wonder » (« Angkor, lac des merveilles »), ce vaste chantier - décrit comme un « Disneyland » aquatique - prévoit un gigantesque complexe touristique de 75 hectares, qui devrait notamment comporter 15 attractions nautiques (avec une rivière, un canal, une cascade artificielle et une piscine à vague), mais aussi des restaurants, des boutiques ou encore un palace de 900 chambres.
Impensable pourrait-on se dire !
Et pourtant, NagaCorp LTD - société chinoise spécialisée dans les casinos et à l’origine du projet - avait assuré l’an dernier disposer d’un accord émanant du Premier ministre cambodgien Hun Sen.
Selon les informations de nos confrères du Monde, ce marché conclu entre Phnom Penh et l’entreprise permettrait à cette dernière de jouir « dudit terrain pendant cinquante ans (contrat renouvelable) pour construire et administrer le parc d’attractions ».
« La location du terrain appartenant à l’État cambodgien resterait gratuite de sept à dix ans, puis serait facturée 29 dollars par mètres carré, pour rapporter au total près d’un milliard de dollars », alors que l’entreprise NagaCorp « investirait 350 millions de dollars », apprend-on également.
Crédit : Pixabay
Inutile de dire que ce projet, présenté les 26 et 27 janvier dernier lors de la réunion du Comité international de l’Unesco a suscité l’incompréhension, pour ne pas dire la colère, des experts chargés des programmes de sauvegarde d’Angkor.
Situé sur l’emplacement de l’ancienne capitale de l’Empire Khmer (IXe – XVe siècle), le site renferme pas moins de 200 temples de grès ciselé, perdus dans une jungle de 400 km2.
Classés au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1992, ces véritables chefs-d‘œuvres se retrouvent donc en danger aujourd’hui, menacés par le potentiel afflux massif de touristes qu’engendrerait un tel projet.
Affaire à suivre !