Un ressortissant guinéen a permis l'arrestation d'un individu ayant causé un grave accident de la route. Hélas, il a perdu sa voiture dans l'histoire et n'a plus les moyens d'en racheter une.
Yaya Sow est un héros !
Ce Guinéen de 48 ans a sacrifié sa voiture pour permettre l'arrestation d'un chauffard responsable d'un accident mortel, à Limoges (Haute-Vienne). Si ce dernier a depuis été condamné, Yaya n'a désormais plus de véhicule, ce qui complique sa vie de tous les jours et notamment dans son travail.
Émue par sa situation, une habitante de sa ville a décidé de l'aider.
Une cagnotte lancée pour aider un héros ordinaire
La vie de Yaya a basculé le 23 août dernier lorsque le quadragénaire, auto-entrepreneur dans le bâtiment, aperçoit une femme inconsciente allongée sur la chaussée alors qu'il circule dans le centre de Limoges. Ni une, ni deux, il immobilise son véhicule et se rend au chevet de cette dame, déjà prise en charge par une infirmière qui lui apprend hélas que le cœur de cette personne, renversée par un chauffard, s'est arrêté.
« Je me suis garé sur la voie de bus. Une infirmière présente sur place ce jour-là lui a pris le pouls et m'a dit qu'elle ne respirait plus. J'ai eu des frissons de voir quelqu'un sans vie devant moi, allongé sur le sol. J'ai levé la tête et j'ai vu un scooter de l'autre côté de la rue. Le pilote avait été témoin de la scène », raconte Yaya dans les colonnes du quotidien Le Populaire du Centre.
« En voyant revenir une Clio, le gars en scooter a crié. "C'est cette voiture qui l'a renversée ! " On voyait un impact sur le pare-brise. On a alors hurlé au conducteur de s'arrêter », poursuit le Guinéen.
Ignorant les hurlements, le chauffard repéré prend alors la fuite. Débute alors une incroyable course-poursuite entre ce dernier et Yaya qui n'a pas hésité à monter dans sa Peugeot 207 pour le prendre en chasse.
« Au niveau de la station Total, il a freiné devant un camion. Je me suis dit qu'il allait m'échapper quand le camion allait redémarrer. Alors, je suis monté sur le trottoir avec ma voiture et pour le stopper, je lui ai foncé dedans. Après le choc, le conducteur est sorti de sa voiture, a dit que c'était sa copine qui avait percuté la dame. Il a voulu partir, je l'ai empoigné par le col et je l'ai ramené par le T-shirt à la station-service en criant d'appeler la police », se remémore Yaya.
Sur le coup, personne ne réagit autour de lui à l'exception de l'employé de la station-service, qui l'aide à retenir le chauffard en attendant la police. Cet automobiliste de 42 ans, qui circulait sans permis dans une voiture non assurée, sera finalement appréhendé par les forces de l'ordre puis condamné à trois ans de prison ferme.
Yaya a sacrifié sa voiture pour arrêter un fuyard après un accident mortel à #Limoges : une cagnotte pour l'aiderhttps://t.co/f3uuoNvtEE#HauteVienne #FaitsDivers pic.twitter.com/OyG3jmfz1m
— Populaire du Centre (@lepopulaire_fr) November 24, 2023
Malgré son geste héroïque Yaya va se retrouver ensuite dans une situation délicate car tout n'a pas été sans heurts pour lui. Son véhicule n'a en effet pas résisté à la course-poursuite et sans voiture, il ne peut se rendre à son travail. Il essaye dans un premier temps d'obtenir réparation auprès de son assureur mais rien n'y fait.
« Désolé, mais vous êtes l'auteur de l'accident. On ne peut rien prendre en charge puisque c'était volontaire », lui répond ainsi son assurance.
Après avoir réussi à mettre 1 000 euros de côté, il s'offre une vieille voiture qui ne tiendra que quelques mois.
Très émue par son histoire, une certaine Cathy Meunier, qui dirige une entreprise locale, a décidé d'aider Yaya en lançant une cagnotte en ligne afin de récolter les 1 000 euros dont il a besoin pour payer les frais de réparation de son véhicule accidenté. À l'heure où nous écrivons ces quelques lignes, l'initiative de Cathy a d'ores et déjà permis de recueillir la somme de 1 225 €.
Yaya a également reçu les félicitations du maire de Limoges, Emile Roger Lombertie. « Il est venu me féliciter, m'a fait la bise, ça m'a vraiment fait chaud au cœur. Mais pour moi, c'est simplement un acte de citoyenneté, ça aurait pu être ma mère. Depuis, j'ai eu la fille de la victime au téléphone et j'ai beaucoup pleuré avec elle », confie Yaya
« Dans des moments de solitude, je revois le visage de cette dame (...) Je n'ai pas vraiment réfléchi. Je me suis dit que si ça arrivait à ma mère, j'aurais bien aimé qu'on agisse comme je l'ai fait », conclu le quadragénaire.
C'est donc vrai, tous les héros ne portent pas de cape.