MISE À JOUR : Suite au tollé général provoqué par la perspective du massacre de dizaines de milliers de mustangs, le gouvernement américain a annoncé qu'il ne tiendra pas compte de la recommandation radicale du cabinet d'étude, et qu'une autre solution devrait être trouvée pour contrôler les populations de chevaux sauvages.
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Le problème du massacre systématique des populations de chevaux sauvages par les industriels de la viande est largement méconnu du grand public, et pour cause : peu de gens en parlent. Récemment, un cabinet d’étude du Bureau of Land Management (Bureau de gestion du territoire, abrégé sous le sigle BLM) a récemment plaidé pour une décision radicale : celle de supprimer les derniers mustangs d'Amérique du Nord.
Le BLM est un organe qui dépend directement du Département de l’Intérieur des États-Unis, et sa tâche consiste principalement à gérer les terrains publics. Ce massacre à grande échelle aurait pour but, selon eux, de faire de la place pour des super-fermes d’élevage bovin, à très haut rendement, s’étalant sur des kilomètres.
Quel est exactement le problème posé par les mustangs, pour que certains veuillent les voir disparaître sans autre forme de procès ? C’est bien simple : ces animaux vivent pour la plupart sur des terrains appartement au domaine public… mais comme bien des choses en ce monde, il faut en tirer du profit, du bénéfice, et ce qui ne rentre pas dans les cases est considéré comme une chose « nuisible », qu’il convient d’éliminer !
Les animaux sauvages qui vivent dans ces plaines sont « payés » par les chasseurs qui les abattent, à travers leurs licences de chasse qu’ils doivent renouveler chaque année. La place occupée par le bétail est « payée » par les industriels de la viande : 1,35 $ (environ 1€ 20) par tête de bétail, pour pouvoir paître sur des terres appartenant au domaine public.
Mais qui paye pour les chevaux sauvages ? Personne. Ils prennent juste de la place, ne rentrent dans aucune case, et pire : ne rapportent d'argent à personne
Et c'est bien là ce qui fâche les grands propriétaires de ranchs : les chevaux sauvages occupent, tout comme les vaches et les moutons, une « Unité d’Espace Animale» par mois (AUM), sans rien leur rapporter… Par contre, chaque cheval supprimé libère une nouvelle unité d’espace pour un mouton, un bœuf, ou une autre tête de bétail.
Les mustangs sont des chevaux sauvages qui vivent dans le nord-ouest des États-Unis. Ils sont les descendants de chevaux domestiques importés par les premiers colons Espagnols, puis qui se sont échappés avant de progressivement retourner à l’état sauvage (un processus que l’on appelle le marronnage), au point de former une nouvelle population. Le mot « mustang » vient d’ailleurs de l’espagnol « mustango », qui désigne un cheval errant, perdu, sans propriétaire. Leurs origines diverses font que leurs robes peuvent avoir une large variété de couleurs car ils sont par nature "métissés".
La plupart du temps, les chevaux retournaient à l'état sauvage lorsque leurs cavaliers mourraient au cours d'un combat, ou tout simplement lorsqu'ils s'échappaient en sautant la clôture. Le cheval étant un animal sociable, les chevaux sans propriétaires ayant renoué avec la liberté se retrouvaient jusqu'à constituer de véritables troupeaux. Bientôt, ils se reproduisirent librement, formant ainsi une nouvelle "race" de cheval sauvage au cours des siècles !
De la même façon que les chevaux mustangs se sont adaptés au climat des grandes plaines d’Amérique du Nord, on trouve également des ânes sauvages, eux aussi d’anciennes bêtes de somme affranchies de la domestication humaine. Les Américains appellent ces ânes sauvages les « burros », du mot espagnol qui signifie tout simplement « âne ».
On connaît tous, au moins de nom, ces fiers chevaux indomptables que sont les mustangs. Ils font partie d’un riche imaginaire collectif mettant en scène des cow-boys, des Indiens, des trains à vapeur et des troupeaux de bisons courant dans les vastes prairies.
Ce que l’on sait moins, en revanche, c’est que les rapports entre l’homme et le cheval sauvage sont loin d’avoir toujours correspondu à cette image d’Épinal du grand Ouest Américain, empreinte de romanesque, d’amitié et de respect mutuel entre l’homme envers l’animal. Ce n'est pas juste Luky Luke et son fidèle cheval Jolly Jumper.
Non, l’histoire des mustangs aux États-Unis est une histoire sanglante, entachée de plusieurs massacres, et qui se prolonge jusqu’aujourd’hui dans une polémique sans fin sur la légitimité ou non de la présence de ces chevaux libres dans les terres publiques.
Sur les 2 millions des chevaux sauvages qui peuplaient encore les grandes plaines au 19ème siècle, plus d’1 million d’animaux furent capturés et réquisitionnés pour combattre lors de la 1ère Guerre Mondiale et furent transformés pour la plupart en chair à canon. C'est alors que commencèrent une série d'exactions assez peu reluisantes. Au cours du 20ème siècle, de nombreux chevaux furent abattus par des grandes sociétés pour produire de la nourriture pour animaux : c’est ainsi qu’on fabriquait de grandes quantités de nourriture industrielle, de farine animale, de pâtée pour les cochons, de nourriture pour les poulets mais aussi de pâtée pour les chiens domestiques. Et c’est sans compter sur les nombreux chevaux empoisonnés ou tués à vue par les propriétaires des grandes fermes de bétail, pour faire de la place pour leurs animaux…
Les ânes sauvages ont également souffert les mêmes sévices, même si leurs populations étaient tout de même moins nombreuses.
C’est ainsi que dans les années 70, il ne restait plus que 270 000 mustangs sur les 2 millions du siècle précédent, ce qui pourrait s’apparenter, en termes humains, à un véritable génocide.
En 1971 est votée une loi fédérale censée protéger le mustang et interdire sa chasse… Malheureusement, il semblerait que le BLM soit en train d’essayer de revenir sur cette loi.
Le cheval mustang représente en effet un sujet de polémique aux États-Unis : s’ils représentent un héritage culturel de l’époque de la conquête de l’Ouest pour ceux qui les défendent, les mustangs posent un problème d’ordre écologique pour leurs détracteurs.
Il est vrai qu’en tant qu’animal non-natif, introduit accidentellement par l’homme, le cheval sauvage n’a que très peu de prédateurs et a tendance à se reproduire… Pour leurs détracteurs, ils dégradent le pâturage et rivalisent avec le bétail et les espèces sauvages pour s’alimenter.
Cependant, l’impact environnemental de l’élevage intensif de bétail est de loin supérieur à celui des chevaux sauvages. Plutôt ironique, quand on sait que ceux qui veulent se débarrasser des mustangs sont justement pour la plupart des industriels de l’agro-alimentaire qui cherchent à étendre leur territoire potentiel pour élever leur bétail ! On ne voudrait pas les traiter d’hypocrites, mais tout de même, cette préoccupation de leur part peut sembler relativement douteuse...
Pour pallier le problème de la reproduction des chevaux et de l’augmentation de la population en l’absence de prédateurs, un vaste programme de capture a été mis en place. Les chevaux sont ensuite proposés à l’adoption. Cependant, comme il y a beaucoup plus de chevaux capturés que d’adoptants, certains relancent le débat sur l’euthanasie de ces animaux...
Les animaux capturés sont massés dans de gigantesques hangars dans lesquels les températures peuvent atteindre des niveaux insupportables. Régulièrement, de vastes ventes aux enchères sont faites. Dans les faits, comme il y a beaucoup de chevaux et peu de volontaires pour les acquérir, il y a évidemment des débordements : les industriels de la viande en profitent, et de nombreux chevaux mustangs finissent ainsi à l’abattoir pour fournir les boucheries chevalines, qui peuvent ainsi se procurer de la viande à moindre coût.
La BLM affirme qu’elle n’envoie pas les chevaux à l’abattoir… Mais dans les faits, une bonne partie des animaux se retrouve sur le marché de la viande chevaline.
Une enquête récente a ainsi révélé que les chevaux étaient achetés en masse à des prix très bas par des négociants basés dans le Colorado, qui les vendaient ensuite à des abattoirs Mexicains.
« Avec les populations de chevaux sauvages critiquement basses, le massacre qui a été planifié s’annonce être un véritable génocide », s’indigne l’IDA, une association militant pour la défense des droits des animaux.
« La BLM continue à persécuter les chevaux sauvages à travers des raids continus par hélicoptère. Ils essayent de les repousser en les confinant dans certaines zones, pour que les terres publiques puissent être utilisées par les grandes entreprises de production de viande. »
Désormais, selon les porte-parole du groupe, il n’y a plus qu’un cheval sauvage pour 30 têtes de bétail. Et les énormes ranches qui fournissent les usines à viande ont bien entendu un impact autrement plus fort sur l’environnement !
Il existe bien des alternatives au massacre systématique des chevaux pour contrôler les populations : depuis 20 ans, les groupes de préservation environnementale proposent ainsi d’agir directement sur le contrôle de la fertilité des animaux, en stérilisant une partie des individus, afin de limiter leur reproduction. Mais ces solutions alternatives sont ignorées délibérément depuis plus de 20 ans, pour une raison très simple : c’est compliqué, ça coûte plus cher, et bien entendu, ce n’est pas rentable !
Pour les défenseurs des animaux, il faudrait traiter une partie des juments avec un produit qui les rendraient stériles, à l’instar d’un vaccin. Mais comme ces produits coûtent cher, la BLM (qui les a tout de même expérimentés avant de juger qu’ils étaient « peu pratiques ») préférait procéder manuellement à des incisions dans les parois vaginales des juments, pour couper ou tordre les trompes et les ovaires avec un outil spécial comportant une chaîne en métal au bout.
Ces techniques plutôt barbares ont été stoppées à la suite d’un scandale de grande ampleur lorsque la chose a été révélée au grand jour… En effet, certaines juments souffraient de saignements prolongés ou d’infections à la suite de l’opération, ce qui pouvait se terminer par une mort lente et douloureuse.
Selon les associations militant pour la cause animale des États-Unis, cette alternative pourrait être mise en pratique n’importe quand, et c’est pourquoi il est crucial d’agir au plus vite.
Le moment exact de la tuerie n’a pas encore été décidé, pas plus que la manière dont les animaux seront tués. C’est pourquoi il est encore temps d’élever nos voix et d’attirer l’attention du grand public sur ce problème.
S’il vous plaît, signez la pétition et parlez-en autour de vous. Il est encore temps de sauver les derniers survivants des chevaux sauvages des États-Unis.