Il nous a quittés le 22 mars 2018 à l’âge de 107 ans, et pourtant nous avons relativement peu fait cas de son décès en France. Johan van Hulst, né le 28 janvier 1911 à Amsterdam, est entré dans l’histoire en 1943, en pleine Seconde Guerre Mondiale, pour avoir porté secours à des centaines d’enfants juifs âgés de seulement quelques mois à douze ans, qui étaient voués aux horreurs des camps d’extermination dans lesquels ils étaient censés être envoyés. Retour sur le destin hors du commun d’un homme humble qui a su braver les interdits au nom de ce qu’il considérait être juste en des temps difficiles.
Paul Vreeker / Newscom / Reuters
En 1943, Johan van Hulst est à Amsterdam, où il fait évacuer clandestinement, dans le plus grand secret, des enfants juifs menacés d’être envoyés dans des camps d’extermination.
Les enfants, arrachés à leurs parents par les Nazis, étaient envoyés dans une crèche voisine de l’établissement dont Johan van Hulst était le principal, en attendant d’être transférés vers un centre de déportation supposé les envoyer dans les camps. Seule une haie séparait la crèche de la faculté. Les enfants étaient ainsi passés par-delà la haie séparant la crèche de l’université, puis étaient dissimulés dans le plus grand secret dans une salle de classe par van Hulst, avant d’être pris en charge par des groupes de résistants néerlandais qui les envoyaient à la campagne, les mettant à l’abri.
Pour éviter d’attirer les soupçons, l’homme faisait évacuer les enfants par petits groupes, que Walter Süskind, réfugié allemand qui gérait le centre de déportation, faisait disparaître des listes officielles. Henriëtte Pimentel, la directrice de la crèche, était chargée de convaincre les parents de laisser leurs enfants être pris en charge par van Hulst, qui les faisait disparaître à l’aide ses collègues et de quelques uns de ses étudiants.
Il aurait ainsi sauvé 600 enfants, jusqu’à la fermeture de la crèche, en septembre 1943. Johan van Hulst a confié que ce jour avait été le plus difficile de sa vie, car il y restait alors une centaine d’enfants. Il l’a quittée avec douze enfants qu’il a pu sauver en les prenant avec lui, mais a toujours regretté de n’avoir pu en transporter plus, tout en affirmant que choisir quelques élus parmi cette centaine de jeunes avait été une terrible épreuve :
« Vous réalisez que vous ne pouvez pas emporter tous les enfants avec vous. Vous savez que tous les enfants que vous laissez derrière vous vont mourir. J’en ai pris douze avec moi. Plus tard, je me suis demandé… « Pourquoi pas treize ? » ».
La fac que dirigeait Johan van Hulst est aujourd’hui le Musée National de l’Holocauste des Pays-Bas. Au sortir de la guerre, le professeur, qui ne s’est jamais décrit comme étant un héros de la résistance, est devenu au cours de sa longue vie membre du Sénat néerlandais, député européen, président d’un club d’échecs amstellodamois, et a été distingué en 1972 par l’État d’Israël qui lui a attribué le titre de « Juste parmi les nations », la plus haute distinction attribuable à un non-juif. Un honneur également décerné à un certain... Oskar Schindler.
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Johan van Hulst s’est éteint à l’âge de 107 ans le 22 mars 2018, deux ans après avoir tenu au journal néerlandais Het Parool les propos suivants, débordant de modestie et de grandeur d’âme, regrettant une seule et unique chose :
« Je ne veux pas me mettre en avant, ou jouer les héros résistants. Tout ce à quoi je pense réellement, c’est aux choses que je ne suis pas parvenu à faire, à la centaine d’enfants que je n’ai pas été capable de sauver ».