Dans l’attente d’un logement social, une septuagénaire dort depuis plusieurs semaines dans sa voiture à Puteaux (Hauts-de-Seine).
Cela fait désormais 2 mois que Marie, âgée de 71 ans, dort dans sa voiture dans les rues de Puteaux (Hauts-de-Seine), alors qu’elle a fait la demande d’un logement social à plusieurs reprises, en vain !
Elle a pourtant tout essayé mais aucune demande n’a pour l’instant abouti. Déterminée, Marie n’abandonne pas pour autant et se rend en mairie tous les jours afin de plaider sa cause. Et lorsque les portes se referment, elle n’hésite pas à camper devant le bâtiment sur le parvis, dans l’espoir qu’on l’écoute et que sa situation soit réglée.
« On ne s'attend pas à ce qu'on puisse traiter comme ça une personne de 70 ans »
Expulsée de son appartement le 24 septembre dernier, suite à la mise en vente du logement par son bailleur, la septuagénaire s’est en effet soudainement retrouvée à la rue. Sa modeste retraite ne lui permettant pas de se loger dans le privé. Une expulsion qui a laissé des traces.
« Ça a été un choc. J'ai dû être hospitalisée pendant cinq jours (…) On ne s'attend pas à ce qu'on puisse traiter comme ça une personne de 70 ans alors que j'ai toujours payé mon loyer », a-t-elle confié à nos confrères du Figaro.
Sa pension s’élevant à 1 380 euros mensuels, Marie n’a d’autres choix que d’espérer un HLM. Immigrée portugaise, elle a fui la dictature d'Antonio Salazar - qui a régné sans partage sur le Portugal entre 1932 et 1968 - alors qu’elle n’était encore qu’une enfant et a vécu ces trente dernières années à Puteaux, une ville à laquelle elle est profondément attachée. Elle y a en effet ses amis, ses habitudes ainsi que ses médecins traitants. Un attachement viscéral l'ayant convaincue de refuser un autre logement qui lui avait pourtant été proposé dans la commune de Villeneuve-la-Garenne, située à une quinzaine de kilomètres.
« Je n'ai pas envie de changer de ville. Ça m'a suffit de quitter mon pays quand j'étais jeune. Ce n'est pas facile de se faire des amis et j'ai les miens ici », se justifie-t-elle.
Depuis sa première demande faite auprès de la commission Dalo - qui s’occupe des dossiers émanant des personnes ne pouvant « se loger par leurs propres moyens dans un logement décent et indépendant » - sa situation n’a pas évolué. Le caractère prioritaire de la requête ayant pourtant été reconnu. Un premier logement lui avait bien été proposé mais le délai de 48h, donné par le bailleur pour constituer le dossier, était bien trop court.
« Ça devient trop difficile, même pour une femme forte, ce n'est plus vivable »
Au courant de cette situation, la mairie de Puteaux rappelle n’avoir aucune compétence en la matière et affirme avoir transmis le dossier à l'OPH communal, l'organisme en charge d'attribuer les logements sociaux. Contacté par France Bleu, Didier Cressot (Directeur général de l’OPH) a confirmé être au courant de ce cas particulier, tout en soulignant que la septuagénaire avait refusé les solutions qui lui avaient été proposées. « Nous connaissons la situation (…) Mais je rappelle que cette dame a déjà reçu deux propositions de logement », a-t-il ainsi rappelé.
TEMOIGNAGNE. Le quotidien de Marie, 71 ans, obligée de dormir dans sa voiture depuis plus de 3 semaines. https://t.co/N15AnuaW7v
— France Bleu Paris (@francebleuparis) 26 novembre 2018
Touché par l’histoire de Marie, un certain Amadou Ndiaye a décidé de lui venir en aide en créant une pétition en ligne, qui demande à la mairie de Puteaux mais également la préfecture des Hauts-de-Seine, de « tout faire pour lui obtenir un logement HLM dans sa ville ». Cette pétition a d’ores et déjà obtenu plus de 100 000 signatures.
En attendant que sa situation se décante, Marie - qui n’hésite pas à faire quelques ménages à Paris afin d’arrondir ses fins de mois - continue de dormir dans sa voiture, 3 voire 4 fois par semaine, une fois la nuit tombée. Hébergée parfois par des amis, elle préfère néanmoins refuser l’hospitalité de ses proches la plupart du temps, envahie qu'elle est par « la honte ».
Si elle a toujours su faire preuve de courage et de dignité, sa situation dramatique s’avère de plus en plus dure à vivre. « Ça devient trop difficile, même pour une femme forte, ce n'est plus vivable (…) Le plus difficile, c'est pour la toilette. Je n'ai aucune intimité. Et puis, je dors extrêmement mal, j'ai mal au dos. Je n'arrive même pas à étendre mes jambes pour dormir correctement »,déplore-t-elle, fataliste.
Malgré tout, Marie garde le sourire et ne manque pas d’ironiser sur son calvaire, mais pour combien de temps ?