Depuis quelques semaines, la fièvre jaune sévit au Brésil, faisant au passage des dizaines de victimes. Aussi connue sous le nom de vomito negro, la fièvre jaune ne possède pas de traitement spécifique. Seule la vaccination préventive reste le moyen de lutte le plus efficace contre la maladie.
S’épanouissant dans les forêts tropicales, transmises par les moustiques, les Brésiliens souhaitent à tout prix la maintenir hors des villes, d’autant que la vaccination préventive de l’ensemble de la population du sud-est du pays, zone concernée par la maladie, est difficilement envisageable. Pour ce faire, 238 singes ont été tués en un mois et demi dans l’État de Rio. Ceux-ci ont été considérés comme vecteurs de la maladie. À tort.
L’année dernière, en douze mois, 602 singes ont été retrouvés morts dans l’État de Rio, dont près de 70% par empoisonnement ou à coups de bâton. En un mois et demi, 238 ont été tués en 2018 : un massacre qui s’explique par la peur des hommes de la fièvre jaune sévissant actuellement au Brésil, et qui a fait 25 victimes cette année dans la région concernée. En conséquence, les gens s’en prennent… aux singes, qu’ils considèrent responsables de la propagation de la maladie.
Pourtant, c’est bien la dernière chose à faire pour endiguer la fièvre jaune, comme le rappelle Fabiana Lucena, vétérinaire travaillant dans un laboratoire qui autopsie chaque jour les singes retrouvés morts, tabassés, dont les corps inertes sont parfois jetés en pleine rue.
« Les gens doivent comprendre que c'est le moustique qui transmet le virus de la fièvre jaune. Le singe est une victime. Et s'il n'y a plus de singe dans la nature, les moustiques vont s'attaquer à l'Homme ».
Fabiana Lucena explique également que lorsque les premières victimes humaines de la fièvre jaune sont tombées, son laboratoire retrouvait chaque jour une vingtaine de singes, presque tous battus à mort. Si chaque singe est autopsié, et que des cellules lui appartenant sont envoyées à un centre d’épidémiologie pour vérifier s’il est porteur de la fièvre jaune et ainsi cartographier la maladie pour proposer une campagne de vaccination adaptée à la population, le fait qu’ils soient brutalement abattus de la sorte rend l’opération beaucoup plus compliquée, et inefficace.
Jeter les cadavres de singes en pleine rue pourrait même causer de gros problèmes sanitaires ; un numéro de téléphone a été créé pour qu’ils soient rapidement ramassés. Une campagne de sensibilisation vient d'être établie pour que l’on cesse ce cruel et inutile massacre, complètement irresponsable.