C’est un reportage accablant dont on n’a pas fini d’entendre parler !
Après avoir enquêté plusieurs semaines sur la présence de décharges sauvages dans le Grand Est, à proximité de la frontière belge, des journalistes de « L’œil du 20 heures » de France 2 ont découvert un trafic illégal qui pollue des hectares entiers, en Lorraine.
Peu de temps avant que ne commence le confinement, imposé au plus fort de l’épidémie de coronavirus, des centaines de tonnes de déchets ont ainsi été déversées illégalement sur la commune de Haucourt-Moulaine.
Pas moins de 500 tonnes de gravats et autres ordures ménagères y avaient en effet été stockés de manière illégale.
Des déchets illégaux provenant de Belgique
L’ancien maire de la ville, Jacques Marteau (PS) avait alors confié aux journalistes de France télévision qu’il était persuadé qu’une « mafia » était à l’origine de cette décharge sauvage.
Mais ça ne s’arrête pas là ! À Rédange, non loin d'Haucourt-Moulaine, 200 tonnes d’ordures ont également été déversées illégalement sur des terrains municipaux.
Au total, ce sont près d’une dizaine de villages lorrains environnants qui ont été victimes de cette pollution.
A Rédange, des riverains excédés et inquiets ont mené leur propre enquête ! Ces derniers ont réussi à identifier la provenance de certains déchets, acheminés depuis la Belgique, en relevant les plaques d’immatriculation des camions de transport.
« Tout ce qu’on a retrouvé provient du coin d’Anvers, de Brecht », explique ainsi l’une des habitantes, interrogée par nos confrères de France 2.
Suivant cette piste, les journalistes ont contacté le transporteur Jost, dont les véhicules avaient été identifiés au préalable sur les clichés.
Celui-ci n’a pas nié être impliqué en reconnaissant avoir déversé une vingtaine de remorques, soit environ 200 tonnes, aux emplacements que lui avait indiqués son client, mais il s’estime floué par ce dernier.
« Nous nous considérons comme victimes au même titre que les communes qui ont été touchées », affirme ainsi Véronique Hustin, chargée de la communication du groupe, qui précise par ailleurs que la société a « déposé une plainte au tribunal des entreprises de Bruxelles ».
Tous victimes d'un intermédiaire douteux ?
Dans cette affaire pour le mois opaque, il semblerait que tout le monde se renvoie la « balle », à commencer par le fameux client, qui n’est autre que l’une des plus grandes déchetterie de Belgique.
Ainsi, son gérant s’estime à son tour victime, affirmant avoir « payé 108 euros la tonne pour (se) débarrasser des déchets » qu’il ne pouvait pas traiter sur le site.
« Ils nous ont dit qu’ils comptaient en recycler une partie et que le reste irait dans différents endroits en France », précise l’intéressé.
La déchetterie croyait en effet envoyer ses cargaisons de déchets vers un centre de tri français géré par une société lyonnaise, dont le directeur affirme aujourd’hui ne pas être au courant d’un tel accord.
En voyant les bons de livraison que lui ont présentés les journalistes, l’homme a ainsi réfuté un quelconque arrangement, allant jusqu’à parler d’« usurpation ».
« C’est un faux ! ça ressemble à notre logo mais voyez-vous, sur le tampon il manque des chiffres au numéro SIRET », explique-t-il. Et l’intéressé d’ajouter : « C’est inadmissible, c’est inacceptable, je vais porter plainte parce que c’est une usurpation d’identité ».
Tous les soupçons se tournent donc désormais vers l’intermédiaire qui a mis toutes les parties prenantes en relation.
Personnage clé de l’enquête, l’homme - qui, de son propre aveu, aurait empoché entre « 200 et 220 000 euros » avec ce transport de déchets - dément avoir falsifié les bons de commande et prétend lui-aussi avoir été victime d’un autre… intermédiaire, dont il refuse cependant de donner le nom.
« Il y a eu quelqu’un sur place, je donnerai les noms à la justice », promet-il néanmoins.
En attendant et alors que ces déchets illégaux continuent de polluer la Lorraine, le parquet de Lille a ouvert une enquête pour escroquerie en bande organisée et association de malfaiteurs.
Affaire à suivre !