C’est une petite équipe constituée de trois personnes menée par le professeur Dominique Grandjean qui est à l’origine de cette innovation unique au monde.
L'équipe du professeur Grandjean. Crédit Ecole Vétérinaire.
Il y a encore un an, Dominique Grandjean, vétérinaire colonel chez les Sapeurs-pompiers de Paris et directeur de l’Unité de médecine de l’Élevage et du Sport à l‘École nationale vétérinaire d’Alfort, travaillait sur un projet ambitieux : Nosaïs.
Ce projet qu’il mène depuis vingt ans consiste à pouvoir détecter des maladies comme les cancers ou la maladie de Parkinson grâce à l’odorat du chien. Les résultats sont « fabuleux », admet le professeur. Sauf que depuis l’épidémie de Covid-19 qui frappe le monde, le professeur Grandjean a décidé d’utiliser ses travaux pour détecter le virus.
Aussi efficace que les tests PCR
Expérience unique au monde et développée en France, la détection du virus est parvenue à s’exporter dans le monde entier. En décembre dernier, dans la célèbre revue scientifique et médicale PLOS, les résultats du projet Nosaïs démontraient un taux de réussite éclatante de 95%.
Des résultats concluants puisque les six chiens entraînés capables de détecter le Covid-19 chez les personnes sont aussi efficaces que des tests PCR. Néanmoins, le professeur Grandjean n’élimine pas les tests en laboratoires pour autant. Selon le professeur, il s’agit plutôt d’un premier tri qui pourra ensuite être confirmé en laboratoire.
Les tests menés par les chiens, aussi efficaces que les tests PCR, seraient aussi un gain de temps puisque les canidés seraient capables de dépister un nombre important de personnes au quotidien : établissements scolaires, salles de sport, hôpitaux, gendarmeries… Par ailleurs, les coûts seraient bien moindre, 1 euro en moyenne contre 75 euros pour les tests PCR remboursés par la sécurité sociale.
L’OMS intéressée de près par le projet mais boudé en France
Le lieu d'entraînement des chiens se trouve à l’école vétérinaire de Maison Alfort, en région parisienne. Le professeur Grandjean, Capucine Gallet, éthologue, et Clotilde Julien, responsable de la communication, constituent la petite équipe qui forme les chiens à la détection du virus.
Les maîtres et leurs chiens s’entraînent dans des locaux spécifiques. Dans des cônes se trouvent des compresses imbibées du virus que leur ont transmis des hôpitaux partenaires du projet. À l’aveugle, les chiens dressés sont chargés de détecter à l’odorat les compresses qui sont imbibées du virus.
En cas de résultat positif, les chiens, entraînés durant 6 à 7 semaines, donnent le signal à leur maître. Sur les 177 prélèvements, les chiens se sont trompés sur 5% d’entre eux seulement. Des résultats impressionnants qui ont convaincu des pays étrangers comme l’Australie, le Liban, les Emirats Arabes Unis et une trentaine d’autres de demander de l’aide à l’équipe française.
Malheureusement, l’équipe du professeur Grandjean fait face au scepticisme de la Haute Autorité de Santé qui estime que le chien n’est pas « un dispositif médical ». Dès lors, sans subventions ni aides ou reconnaissance de l’Etat français, le professeur Grandjean et son équipe doivent se battre. Cette brigade de chiens particulière est aussi peu répandue dans le pays en dehors de la Corse du sud, de l’Oise, de la Dordogne, de la Gironde et de la Seine-et-Marne qui ont été les premiers à en bénéficier.
Le professeur Grandjean espère par la suite pouvoir étendre ce projet à tout un tas de maladies pour « sauver plein de gens ». De son côté, l’OMS s’intéresse de près à ce projet unique au monde.
Les chiens s'entraînent à détecter le Covid. Crédit Ecole Vétérinaire.
Caroline et son chien Ouija. Crédit : Radio France.