Les doggy bags obligatoires d'ici 2021 dans tous les restaurants de France

Bientôt des « doggy bags » dans tous les restaurants de France  ? La mise à disposition de ces contenants permettant aux clients de restaurants de repartir avec les restes de leur repas va être rendue progressivement obligatoire dans le pays. Un amendement en ce sens a été voté ce dimanche à l’Assemblée nationale avec pour objectif de lutter contre le gaspillage.

C'est un pas de plus vers la limitation du gaspillage alimentaire en France. Un amendement a été adopté à l'Assemblée nationale ce dimanche 27 mai afin de rendre progressivement obligatoire la mise à disposition de « doggy bags » dans tous les restaurants du pays. Les restaurateurs devront donc se munir de ces petits sacs recyclables ou réutilisables qu'ils proposeront à leurs clients pour repartir avec les restes de leur repas sous le bras. Si la mesure va au bout du parcours législatif, elle n'instaurera l'obligation pour les restaurateurs de proposer ces contenants qu'au 1er juillet 2021. Les offres à volonté et les bouteilles consignées sont par ailleurs exclues du dispositif.

« Nous allons enfin disposer d’un outil intéressant et important pour lutter contre le gaspillage alimentaire dans la restauration », s'est réjoui dans l'hémicycle le député LREM Matthieu Orphelin, qui a porté avec Bérangère Abba (LREM) cet amendement inscrit dans le projet de loi sur l'agriculture et l'alimentation.

Le terme anglais « doggy bag » désigne l'emballage dans lequel le client d'un restaurant peut emporter les restes de son repas. La traduction littérale de « sac à toutou » reflète le prétexte invoqué : ces restes serviront à nourrir le chien.

Cette pratique très populaire Outre-Manche est nettement moins ancrée dans la culture française. D’après une enquête réalisée en 2014 par la Direction de l'Alimentation de la région Auvergne Rhône-Alpes, qui avait lancé une vaste campagne de sensibilisation anti-gaspi, le fameux sac se heurte à de nombreux freins dans l'hexagone. « Ça ne se fait pas », « J’ai honte de le demander », « Je ne veux pas passer pour un radin », ou « J'ai peur qu'on me le refuse » sont ainsi les principaux arguments mis en avant par les consommateurs peu convaincus par cette pratique.

Le « doggy bag » divise

Si de nombreux signataires se sont félicités du vote de cet amendement sur les réseaux sociaux, d'autres ont émis des réserves. « Je ne suis pas certain que cette idée du doggy bag (...) soit la grande idée révolutionnaire qui contribuera à la réduction du gaspillage alimentaire », a soutenu Thierry Benoit (UDI), avant de rappeler que le concept avait conduit les restaurants en Amérique du Nord à « augmenter les portions destinées aux clients, usagers, bénéficiaires – c’est-à-dire, quel que soit le terme, aux personnes qui allaient au restaurant et commandaient », craignant ainsi pour la santé des consommateurs.

L'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (Umih), qui s'est « toujours positionnée en faveur du développement du doggy bag », regrette toutefois que cette mesure soit « imposée aux professionnels ». La plus importante organisation professionnelle du secteur de l'hôtellerie-restauration en France craint en effet que cela ne représente « une obligation supplémentaire venant s’ajouter à une liste déjà longue qui pèse sur la profession au quotidien ».

Cet amendement représente en tout cas un pas de plus pour lutter contre le gaspillage alimentaire. En France, 10 millions de tonnes de nourriture sont jetées chaque année, soit une valeur commerciale estimée à 16 milliards d’euros. Cela représente 29 kg par personne et par an de pertes et gaspillages au foyer, selon une étude de l'agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie (Ademe) publiée en 2016.

Pour lutter contre ce fléau, les initiatives se multiplient, comme cette épicerie anti-gaspillage qui a ouvert près de Rennes et dont on vous parlait récemment

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