Ça y est ! Un grand pas en avant vient d’être franchi en matière de droits pour l’égalité LGBT.
Pas plus tard qu’hier, lundi 11 juillet 2016, est entrée en vigueur une loi qui avait été annoncée en novembre 2015 par la ministre de la Santé Marisol Touraine : L’interdiction faite aux hommes gays (ou à tout homme ayant déjà eu un rapport sexuel avec un autre homme) de donner leur sang pour sauver des vies, a enfin été abolie !
Bon, en même temps, comme l’a très justement rappelé la Ministre, "Donner son sang est un acte de générosité, de citoyenneté, qui ne peut être conditionné à une orientation sexuelle. [...] C'est un tabou, une discrimination qui sont levés". Donc, en interdisant aux gays d’avoir des rapports sexuels, au moins c’est tranquille : pas de discrimination ! Allez les gars, votre don n’est plus du tout conditionné par votre orientation sexuelle, qu’est-ce que vous allez encore imaginer ?
Blague à part, il faut quand même avouer qu’il s’agit d’un premier pas en avant. Même au sein de la communauté LGBT, les réactions ont été mitigées, entre ceux qui y voient une volonté ( même timorée) de réaliser une avancée sociale, et ceux pour qui cette mesure représente en fait une discrimination de plus.
SOS homophobie a ainsi salué “la fin de l'exclusion systématique et à vie des homosexuels et bisexuels masculins des dons de sang", tout en regrettant néanmoins fortement le maintien des discriminations liées à l’orientation sexuelle.
De son côté, la Fédération LGBT estime que le “deux poids deux mesures” n’est pas justifié, et réclame un délai de quatre mois “à partir du moment où il y a eu relation multipartenariale, pour les hétéros, comme pour les homos”, selon son porte-parole Dominique Ganaye à l’AFP.
Selon la ministre Marisol Touraine, le but de cette contrainte de 365 jours sans sexe serait de “garantir la sécurité du don du sang” et de “rassurer les receveurs”. Certes… mais lorsqu’on considère que tous les échantillons de sang sont systématiquement contrôlés pour déceler la présence éventuelle de maladies (et heureusement d’ailleurs !), on est en droit de se demander ce que le sang des homosexuels a de plus (ou de moins ?) pour être considéré comme plus dangereux. Avec tous les contrôles, il y a en réalité très peu de risques que du sang infecté par une maladie finisse par être transfusé à un malade, le dernier cas connu de contamination date d'il y a plus de 13 ans.
Et puis même, au-delà de ça, comment peut-on être sûr qu’une personne s’est bel et bien abstenue de toute relation sexuelle pendant un an ? On lui pose une ceinture de chasteté ?
En fait, peut-être que la meilleure solution, pour “rassurer les receveurs”, serait de faire des campagnes de communication et d’éducation pour tordre le cou à certains préjugés homophobes qui ont la vie dure… Non ? Mais c’est un autre débat…
En attendant, on estime que la fin de l’exclusion des homosexuels permettra de disposer d’environ 37 000 dons de plus, ce qui représente trois jours d’autonomie supplémentaire pour les banques de sang… Ce qui est énorme, et permettrait de sauver de nombreuses vies.
Selon le ministère, des études vont être faites sur les nouveaux donneurs homosexuels, afin de confirmer l’absence de risques. Si tout se passe bien et que l’absence de risques est bel et bien confirmée, les droits des homosexuels en matière de don du sang se rapprocheront de ceux des autres donneurs, à l’horizon 2017 !
Bonus: Comme il s'est passé une chose à-peu-près similaire aux États-Unis il y a quelque temps, l'acteur Alan Cumming (The Good Wife), lui-même gay, avait réalisé cette excellente vidéo, pour vous donner quelques petits conseils pour "résister à la tentation de faire des choses vilaines". C'est en anglais, ça date de 2015, mais les images parlent d'elles-mêmes !