L’amendement, qui proposait d'aligner la durée d’abstinence demandée aux homosexuels sur celle qui s’applique aux hétérosexuels avant de donner son sang, a été rejeté ce jeudi. Les hommes homosexuels devront ainsi continuer d'observer une période d'un an sans changer de partenaire sexuel s'ils veulent être prélevés du précieux liquide.
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La discrimination dans le don du sang vis-à-vis des homosexuels est maintenue en France. Dans un vote qui s'est tenu ce jeudi 11 octobre, l'Assemblée nationale a rejeté une mesure visant à aligner pour le don la durée d'abstinence des personnes gays sur celle appliquée aux hétérosexuels (quatre mois d'absence de relations avec plusieurs partenaires). Le vote a divisé dans les rangs des différents bords politiques, avec 29 voix contre et 23 pour.
Depuis juillet 2016, les homosexuels peuvent faire don de leur sang, ce qui leur était interdit depuis 1983 en raison des risques de transmission du sida. À condition toutefois de respecter les conditions fixées par un arrêté du 5 avril 2016, notamment l'abstinence d'un an.
L'incidence du VIH serait environ 115 fois plus élevée chez les homos que chez les hétéros et les femmes homosexuelles, d'après l'agence Santé Publique France, raison pour laquelle ils ont été exclus du don du sang toutes ces années.
Pour #LREM, les #discriminations envers les hommes #homosexuels concernant le #DonDuSang peuvent continuer. L'#Homophobie a de beaux jours devant elle. Injuste et irresponsable. Je suis écoeuré. #LGBT #LGBTQIphobie #DonDuSangPourTous pic.twitter.com/S61QE2nTuE
— Bastien Lachaud (@LachaudB) 11 octobre 2018
« Aucun fondement ni juridique ni scientifique »
À gauche comme à droite, des élus ont soutenu ce texte, présenté à l'occasion de l'examen d'une proposition de loi des Républicains (LR). « Le critère d'exclusion doit être celui des comportements à risque et non de l'orientation sexuelle », a estimé le député du Mouvement démocrate Jean-Luc Lagleize. « Stoppons ces hypocrisies », a quant à lui affirmé Xavier Paluszkiewicz, l'un des deux élus de la République en marche à avoir voté pour le texte alors que son groupe s'est majoritairement prononcé contre.
« L'abstinence de 12 mois n'a aucun fondement ni juridique ni scientifique », a estimé de son côté le député socialiste Hervé Saulignac, l'un des fervents défenseurs de cette proposition. « Nous avions là une occasion d’unité nationale, mais elle a été balayée d’un revers de manche », a-t-il regretté dans l'hémicycle.
C’est à nous qu’il revient d’en finir une bonne fois pour toutes avec la stigmatisation absurde de populations dites « à risque ». Seuls les comportements sont à risque, indépendamment des orientations sexuelles. #DonDuSangPourTous #DirectAN pic.twitter.com/usEizvqi7o
— Herve Saulignac (@hsaulignac) 11 octobre 2018
La ministre de la Santé Agnès Buzyn avait déposé un amendement pour supprimer la mesure, avant de le retirer pour ne pas donner l'impression de s'opposer « sur le fond ». « Comme vous, je me suis étonnée, pour ne pas dire émue, du critère d'abstinence d'un an (...) Mais n'inscrivons pas dans la loi des critères de sélection qui nous feraient prendre un risque un jour par rapport à un nouvel agent pathogène ou un risque d'épidémie », a-t-elle déclaré.
Don du sang : à l'@AssembleeNat j'ai pris l'engagement de retirer le critère des 12 mois d'abstinence. La loi prévoit deja la non discrimination. La définition des critères appliqués aux donneurs doit relever du règlement, non de la loi, pour une meilleure réactivité si épidémie.
— Agnès Buzyn (@agnesbuzyn) 12 octobre 2018
Toujours dans le cadre de l'examen de cette loi portée par Damien Abad (LR), les députés ont voté l'abaissement de l'âge légal ouvrant droit au don du sang de 18 à 17 ans.