À la fin des années 1960, treize Américains ont quitté le continent américain pour se réfugier à Hawaï et vivre leur vie en paix. Le photographe John Wehrheim, témoin privilégié de ce mode de vie hippie, nous fait revivre l’art de vivre façon « flower power ».
Dans les années 1960 aux États-Unis, la guerre du Viêt-Nam et les assassinats de deux figures politiques, John F. Kennedy et Martin Luther King, ont déboussolé une jeunesse qui s’inscrivait dans l’esprit du « flower power ». La paix n’était plus au programme… Ainsi, en 1969, 13 jeunes Américains ont décidé de quitter le continent pour poursuivre leur vie librement à Hawaï qui était pourtant un état américain.
Après quelques péripéties (dont quelques nuits en prison parce qu’Hawaï, ça reste les États-Unis), ces jeunes hippies font la rencontre d’un richissime résident qui s’émeut de leur parcours. Howard Taylor, qui n’est autre que le frère de l’actrice Elizabeth Taylor, leur confie une partie de sa propriété, entre la plage et la jungle, sur l’île de Kauai. Ici, aucune structure n’existe et tout est à construire, isolé de toute civilisation. Ce petit espace paradisiaque a un nouveau nom : « Taylor Camp ».
Le photographe John Wehrheim débarque à 23 ans dans ce camp en 1971, avec un sac, une planche de surf et un bong. Dans une maison construite en bambou, les résidents, plus nombreux qu’au départ, passent leur journée à pêcher, s’adonnent à l’agriculture, élèvent leurs enfants, et fument de l’herbe dans le plus simple appareil. Ici, aucune règle ni contrainte !
Selon John Wehrheim, les personnes qui « échouaient » au Taylor Camp étaient à la recherche d’un mode de vie utopique porté par des idéaux de liberté et de bien-être, loin des images de violence et de brutalité émanant des forces de police et de la guerre. Une autre idée du rêve américain.
Le jeune photographe arrive à gagner la confiance des résidents pour qu’il puisse immortaliser leur oasis de paix. Bien souvent, en échange de ces photographies, il était payé en viande, en weed et en soirées où le vêtement ne faisait pas forcément partie de la panoplie.
Dans ce camp, on y retrouvait des adolescents, des vétérans de la guerre et des jeunes adultes fuyant la loi. Ils trouvèrent ici la solidarité qui avait disparu de leurs foyers, mais aussi des amis, des frères, des sœurs et des âmes sœurs. En plus de s’occuper de leur communauté, les résidents travaillaient également au sein de la population locale qui a appris à apprécier ces jeunes hippies, prêts à travailler pour un petit salaire. De leur côté, les enfants allaient à l’école du coin, histoire d’avoir le droit un peu d’enseignement.
Malheureusement, ce petit paradis sur terre n’a pas pu exister bien longtemps. Huit ans exactement… En 1977, le gouvernement vient faire le forcing pour fermer l’endroit. Les hippies s’en remettent à l’avocat local Max Graham et son assistance JoAnn Yukimura, qui deviendra notamment la femme de John Wehrheim et la première femme nippo-américaine élue maire aux États-Unis.
Au fur et à mesure, les campeurs hippies décidèrent d’eux-mêmes de s’en aller, s’éparpillant aux quatre coins de l’île. De longues années plus tard, John Wehrheim retrouve le contact avec les anciens résidents grâce au groupe Facebook dédié au camp, et réalisa un film intitulé « Taylor Camp » pour rendre hommage à ses amis.
S’il a avoué qu’il a parfois eu le mal du pays, étant nostalgique du Taylor Camp, il a toujours su, au fond de lui, que cette espace de liberté n’était pas vraiment sa maison. Il ne reste désormais que cette série de clichés magnifiques, ces portraits sincères, qui en disent long sur le bonheur vécu par ses résidents.
Incroyables ces photos, n’est-ce pas ?